La lutte continue...
La conférence de Genève 2 a montré avec force la position souveraine et indépendante de l'Etat syrien et sa détermination à trouver sérieusement une solution politique à la crise à travers le dialogue avec l'opposition. En revanche, cette opposition a présenté un visage déconfit et a poursuivi, avec les ennemis de la Syrie, la campagne de mensonges pour intensifier les pressions sur cet Etat résistant.
Genève 2 a permis de dégager une série de données, en tête desquelles figurent la solidité de l'Etat syrien et sa crédibilité, qui se sont illustrées dans les faits suivants:
-La ferme détermination à protéger l'indépendance et la souveraineté nationales, en refusant toute condition préalable et en s'attachant à la volonté du peuple syrien, ultime autorité de référence constitutionnelle et politique. Une détermination encore plus grande à faire face à toute tentative d'intervention étrangère dans les affaires souveraines syriennes.
-Le choix sérieux du dialogue inter-syrien, même si la délégation de l'opposition souffre d'un grave manque de représentativité et est manipulée par l'alliance qui mène une guerre contre la Syrie, conduite par les Etats-Unis.
-L'attachement ferme à la priorité de la lutte contre le terrorisme, subtilement intégrée au concept de l'arrêt de la violence, consacré par l'initiative de Kofi Annan, sabotée par les Etats-Unis.
-La présentation de la conception de l'Etat syrien de la période transitoire, qui doit être le couronnement du dialogue à l'ombre de la Constitution actuelle et non pas un coup d'Etat à travers un conseil transitoire de gouvernement, comme l'a défendu le secrétaire d'Etat John Kerry et avant lui Hillary Clinton, depuis le communiqué de Genève 1. Un communiqué qui fait l'objet de lectures contradictoires entre Moscou et Washington.
En plus de tous ces éléments, la délégation de l'Etat syrien est apparue comme une équipe homogène, gérant avec habileté la bataille médiatique, politique et diplomatique, et ravissant l'intérêt des journalistes présents à Montreux. La délégation syrienne a donné une image brillante de l'Etat syrien, cohérent et confiant dans sa suprématie.
Les Etats-Unis ont, comme à leur habitude, sorti un lot de mensonges dans le but d'intensifier les pressions sur l'Etat syrien, en tentant d'imposer une lecture bien déterminée de Genève 1, relayée par de nombreux médias occidentaux. En réalité, Genève 1 ne mentionne nulle part nommément le président Bachar al-Assad, et ne prévoit pas la formation d'une instance de transition supra-constitutionnelle. Cela signifie qu'une telle instance, si elle devait voit le jour, ne pourrait être constitutionnelle que si elle est formée par un décret signé par le président Assad et que si ses membres prêtent serment devant le chef de l'Etat.
Les gesticulations de John Kerry et de François Hollande sur le rôle du président Assad ne sont donc pas en conformité avec les dispositions de Genève 1.
Et l'indécence a atteint de tels sommets que dans le même temps, les autorités françaises, américaines et britanniques font circuler des informations sur des contacts entrepris avec les autorités syriennes sur la coopération dans la lutte contre le terrorisme.
Sans aucun scrupule, Kerry a envoyé l'un de ses adjoints à la salle de presse de Montreux pour déclarer, devant des journalistes connus pour leur amitiés avec l'Etat syrien, que les Etats-Unis sont conscients des changements des rapports de force imposés par l'Armée arabe syrienne et pour confirmer les contacts syro-américains. Cette schizophrénie a été palpée par les journalistes présents en Suisse pour couvrir la conférence.
Le gouvernement du Qatar, et derrière lui les services de renseignements américains, a inventé un gros mensonge pour tenter d'influer sur le climat de la conférence, à travers le soi-disant rapport sur la torture et les liquidations dans les prisons de l'Etat syrien.
Des journalistes et des experts occidentaux n'ont pas manqué de relever les nombreuses failles et défaillances dans ce document, ainsi que son timing inespéré pour l'opposition et les ennemis de la Syrie.
Certains ont souligné ironiquement que des pays comme le Qatar et l'Arabie saoudite, qui n'ont même pas de Constitution, se présentent comme des défenseurs des droits de l'homme face à un Etat civil et laïque, combattu par des groupes extrémistes-takfiristes, financés par ces deux pays rétrogrades.
Autre incongruité de la conférence, l'apparition de l'ambassadeur américain à Damas, Robert Ford, comme le vrai président de la délégation de la Coalition nationale syrienne (CNS).
Probablement que la conférence va se terminer par les trois points proposés à Moscou par le ministre Walid Moallem: un échange de prisonniers; des arrangements de sécurité, qui commenceraient à Alep -la CNS les souhaite à Homs; l'acheminement d'aides humanitaires.
Un autre rendez-vous pourrait ensuite être fixé après le règlement des deux failles auxquelles le ministre russe des Affaires étrangères, Serguei Lavrov, a promis de remédier: l'exclusion de l'Iran et l'élargissement de la représentativité de la délégation de l'opposition, en y incluant d'autres franges qui ont été écartées.
L'Etat national syrien a remporté une manche importante et la lutte continue. C'est l'Armée arabe syrienne qui aura le rôle principal lors de la période à venir.
Ecrit par Ghaleb Kandil, analyste politique libanais.
See more at: http://www.neworientnews.com/news/fullnews.php?news_id=124871#sthash.ndXIPRaf.dpuf