Une décision qui creuse l’écart entre la délégation gouvernementale et celle de la Coalition.
La décision américaine de vouloir réarmer les rebelles syriens a empoisonné l'atmosphère du cinquième jour des pourparlers de Genève entre la délégation gouvernementale syrienne, et celle de la Coalition de l'opposition et dela révolution syrienne , instance qui représente une partie de l’opposition syrienne accréditée par les occidentaux et les monarchies arabes
Cette décision a été révélée par l’agence Reuters, qui indique qu'elle a été prise au Congrès américain lors d'une séance close pour financer l’envoi d’équipements militaires aux groupuscules modérés au sud de la Syrie. Cet armement comprendrait des armes légères ainsi que des missiles anti char, et non des missiles sol-air, capables d’abattre des avions militaires et civils.
Selon l’agence, cette décision pourrait avoir été lors des discussions du Congrès, à la fin du mois de décembre dernier.
Irritation syrienne
A Genève, la délégation officielle syrienne n'a pas caché son irritation . Durant la séance matinale de ce mardi, elle a évoqué le développement et accusé Washington de vouloir saboter les négociations de paix.
S'expliquant aux journalistes, le vice-ministre syrien des Affaires étrangères, Fayçal Moqdad, a affirmé qu'en fonction des accords internationaux, les Etats-Unis n'ont pas le droit d'armer les terroristes.
"Cette décision est une tentative directe d'empêcher toute solution politique en Syrie", a-t-il déploré, selon le texte de son communiqué, apporté par l'AFP.
Interrogée par la chaine de télévision arabophone al-Mayadeen, la conseillère du président syrien Mme Boussayna Chaabane qui fait partie de la délégation officielle dépêchée à Genève a relevé « le double langage » de l’administration américaine.
Pour sa part, la Coalition a trouvé normale la décision américaine.
Le blocage persiste
Mis à part ce développement, le blocage persiste dans discussions entre les deux protagonistes. La question litigeuse entre eux reste toujours la période de transition, évoquée dans l’accord Genève-1 entre la Russie et les Etats-Unis.
La Coalition de l’opposition s’emploie pour imposer son interprétation de ses clauses et ne cesse d’accuser le pouvoir de ne pas coopérer sur la question de la transition.
Sachant que le texte de Genève-1 prévoit la mise en place d'une autorité gouvernementale de transition dotée des pleins pouvoirs, sans évoquer une éviction du président Bachar al-Assad.
La question de l'acheminement des aides humanitaires, notamment pour les quartiers rebelles assiégés de Homs (centre) non plus n'a pas été réglée.
Selon le correspondant de la télévision al-Manar à Genève, durant les discussions , un membre de la Coalition a proposé une transaction qui prévoit la levée du siège imposé par les rebelles contre trois villages dans la province nord d'Alep ( dont Noubbol et Zahra, depuis juillet 2012) en échange de Homs.
Processus fragile
Face à ce blocus, le médiateur de l'Onu et de la Ligue arabe Lakhdar Brahimi semble commencer à perdre patience. Pour la première fois depuis le lancement des rencontres bilatérales, il a trouvé bon de suspendre la réunion de l'après-midi. La prochaine devrait toutefois se tenir mercredi matin.
"S'il n'y a pas de progrès dans les prochains jours, le processus va devenir de plus en plus fragile", a constaté un diplomate occidental, cité par l'AFP.