Le climat entourant la formation du gouvernement s’assombrit.
Le climat entourant les démarches pour la formation d’un nouveau gouvernement s’est assombri ces dernières heures, avec la poursuite des différends nés du principe de la rotation des portefeuilles ministériels.
Le Courant patriotique libre (CPL) dénonce, dans ce cadre, une tentative de le marginaliser, et à travers lui les chrétiens, soulignant que sa représentativité de l’une des principales communautés du pays et la taille de son bloc lui donnent le droit de se voir confier au moins un ministère régalien et un grand «ministère de service», en l’occurrence celui de l’Energie.
La position du CPL jouit du soutien de l’Eglise maronite, qui s’est prononcée, par la bouche du vicaire-patriarcal, Mgr Boulos Matar, en faveur d’un gouvernement juste et équitable. Le général Michel Aoun est également appuyé par le Hezbollah, bien que ce parti évite de faire des déclarations publiques à ce sujet pour ne pas compliquer les négociations, surtout qu’il déploie des efforts auprès du Premier ministre désigné, Tammam Salam, pour tenter d’aplanir les obstacles.
Selon le quotidien Al Akhbar, le chef du Courant du futur (CDF), l’ancien Premier ministre Saad Hariri, ne serait pas opposé aux demandes du CPL, notamment celle qui consiste à conserver le ministère de l’Energie. Le journal s’interroge par conséquent sur les raisons de l’intransigeance de M. Salam, qui aurait déclaré qu’«il n’abandonnera en aucun cas le principe de la rotation globale des portefeuilles».
Des sources politiques citées par la presse libanaise croient savoir que M. Salam est encouragé à adopter une position intransigeante sur la question de la rotation par le chef du bloc parlementaire du Courant du futur, Fouad Siniora. Ce dernier représenterait des milieux saoudiens mécontents de la détente au Liban, qui se traduirait par un gouvernement rassembleur regroupant les principales forces politiques du pays, notamment le CDF et le Hezbollah. Toutes les tentatives visant à isoler le Hezbollah mises en oeuvre ces derniers mois par le royaume tomberaient alors à l’eau, déplorent ces milieux saoudiens.
M. Salam est également encouragé par les positions du président de la République, Michel Sleiman, qui a exercé des pressions sur le 8-Mars et sur le CPL en remettant sur la table l’option du gouvernement de fait accompli.
Ces pressions se manifestent aussi à travers les ultimatums et les délais de «quelques heures» donnés au général Michel Aoun afin qu’il se prononce au sujet du gouvernement des 3x8, sans lui accorder un droit de regard sur les portefeuilles qui lui seraient attribués.
Dans ce contexte, le Hezbollah poursuit ses médiations dans le souci de sauver les chances de parvenir à une entente sur le dossier gouvernemental. Il a engagé à cet effet des démarches en direction de Michel Aoun, du président de la Chambre, Nabih Berry, et de Tammam Salam.
Dans ce tableau, M. Berry adopte une position médiane. Le chef du Législatif a affirmé devant ses visiteurs que «Michel Aoun est en droit de réclamer une bonne représentativité des chrétiens au sein du gouvernement». Mais il a considéré que le principe de rotation exige des concessions de sa part aussi, faisant savoir «qu’il n’est pas facile de renoncer à deux des plus importants portefeuilles à l’étape actuelle, à savoir ceux des Affaires étrangères et de la Santé».
La balle est désormais dans le camp du Premier ministre désigné, qui est le seul à pouvoir débloquer la situation.
A ce stade du débat, les alliés chrétiens du Courant du futur brillent par leur absence. Al Akhbar écrit dans ce contexte que «les chrétiens du 14-Mars sont absents des prises de décision au moment des échéances majeures». «Ils tentent de pallier à cette absence par des discours enflammés».
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