Berry et le Hezbollah le soutiennent.
Le général Michel Aoun a frappé du poing sur la table, hier, refusant une marginalisation des chrétiens au sein du prochain gouvernement et exigeant que sa communauté, à l’instar de toutes les autres principales composantes du pays, soit traitée d’une manière juste et équitable.
Dans un communiqué lu sur un ton solennel à l’issue de la réunion de son bloc parlementaire, le chef du Courant patriotique libre (CPL) s’est montré particulièrement sévère à l’encontre du Premier ministre désigné, Tammam Salam, dénonçant «les violations de la Constitution et du pacte national par les plus hautes instances de l'État».
«Alors que nous traversons une période où nous recherchons le rapprochement entre les différentes parties, nous constatons que certains font exactement le contraire, de façon injustifiée, a martelé le général. Parce que nous avons toujours en tête de nous orienter vers un État civil, laïc et moderne, nous sommes à chaque fois surpris par une réaction qui nous ramène en arrière. Pour différentes raisons, le mandat du Parlement est prorogé et le Conseil constitutionnel est empêché de se réunir pour adopter une position au sujet d'une telle prorogation. De même, la Constitution est violée par la prorogation des mandats de plusieurs hauts fonctionnaires dans différents corps administratifs.»
Et le leader du CPL de poursuivre: «Aujourd'hui, c'est le Premier ministre désigné qui bafoue les principes qui assurent une représentativité réelle dans la formation du gouvernement. Il semble que notre destin soit d'être toujours pris pour cible dans les échéances cruciales et importantes, lorsqu'il s'agit notamment de former les pouvoirs constitutionnels. Nous choisissons de refuser cette réalité et de l'affronter pour protéger la patrie et l'État. D'ailleurs, tout ce qui menace la coexistence pousse les gens à protester et la tendance dictatoriale nous place en confrontation avec elle.»
«La violation de la Constitution et des lois a ôté au pouvoir actuel la bonne gouvernance. Le summum des violations est la menace brandie par le responsable du peuple libanais de former un gouvernement de fait accompli, alors que l'incapacité à former un gouvernement pendant dix mois devrait mettre fin à la désignation et pousser le Premier ministre désigné à se récuser», a poursuivi le général Aoun avant de conclure: «Tout pouvoir qui ne respecte pas les règles constitutionnelles et les principes du pacte national (…) est illégal. Ce principe ne connaît pas d'exception et c'est sur cette base que nous définissons la position de notre bloc par rapport à la formation du gouvernement.»
Réagissant aux propos du général Aoun, le président de la République, Michel Sleïmane, a une nouvelle fois brandi la menace du gouvernement de fait accompli, répondant ainsi aux vœux du chef des Forces libanaises, Samir Geagea. Ce dernier avait de nouveau appelé MM. Sleïmane et Salam à former un gouvernement neutre «sans perdre une minute de plus».
«Je ne considère pas que le chef du Courant patriotique libre a refusé de participer au prochain cabinet car je n’ai pas été informé de sa décision finale à cet égard», a déclaré M. Sleïmane mercredi, dans diverses déclarations à la presse.
Le chef de l’Etat a affirmé qu’il procèdera à partir d’aujourd’hui ou de demain à l’établissement d’un mécanisme pour le choix des ministres et la répartition des portefeuilles dans le prochain gouvernement.
En revanche, une «source centriste» citée par le quotidien L’Orient-Le Jour affirme «qu'aucune date limite n'a été à ce jour fixée et que le Premier ministre désigné serait disposé à patienter encore pendant quelque temps en attendant la réponse définitive du 8-Mars». Le président du Parlement, Nabih Berry, a quant à lui indiqué qu’un gouvernement sans une représentation chrétienne forte serait anticonstitutionnel, alors que le Hezbollah a exprimé sa solidarité avec son allié chrétien.
Médiarama