Ils n’ont plus de profondeur stratégique.

Les chrétiens ne possèdent que leur peur. Ils n’ont nulle part où se réfugier. Ils n’ont ni Etat vers qui se tourner, ni alliance régionale, ni profondeur stratégique. Ils n’ont pas encore découvert que la dernière «tendre mère» qui les a sevrés autrefois ne cherchait par là qu’à les enterrer dans les sables mouvants des gisements de pétrole ou à les étouffer sous les pétrodollars.

L’attitude des derniers trois chefs d’Etat du refuge illusoire des chrétiens est assez explicite de la solitude dans laquelle les chrétiens sont plongés.
Le premier leur a demandé de maintenir l’armée syrienne sur leur sol autant qu’il le faudra.
Le deuxième a tenu devant leur patriarche le discours suivant: «Porte non ta croix mais tes ouailles et viens t’établir dans une contrée de notre Europe, tombée aux oubliettes pour soulager nos oreilles de la ritournelle de ton Orient, de ta mission, de ton Christ et de tes racines».
Le troisième, lui, tiraillé entre son engagement universel dans les guerres des nations et la cohabitation avec sa maîtresse, et entre ses aventures sur un scooter et sa vocation prophétique de convaincre un saint argentin de recevoir un ancien trafiquant de drogue n’a même pas trouvé un moment pour penser à ceux qui continuent de grasseyer la lettre ‘r’, en souvenir de leur aïeuls.

Voici comment se présentent aujourd’hui les chrétiens. Envahis par la peur, ils observent Michel Sleïmane et Tammam Salam qui depuis 10 mois n’ont pas osé former de gouvernement, à l’heure où l’Etat moribond est en passe de mourir.

Jean Aziz : chroniqueur d’al-Akhbar- Médiarama