Une polémique qui a divisé la rue tunisienne..
La démission de la ministre du tourisme Amel Karboul a été rejetée ce jeudi par le nouveau gouvernement tunisien.
Mercredi, celle-ci avait présenté sa démission quelques heures après avoir prêté serment devant le président de la République Moncef Marzouki, sur fond de polémique autour d'un voyage en "Israël".
Elle a expliqué avoir demandé au nouveau chef du gouvernement de valider sa démission si les accusations lancées à son encontre s’avèrent vraies.
En effet, Karboul a subi l’une des plus virulentes campagnes lors de la session de vote de confiance au gouvernement.
Cette fille du secrétaire d'État à la sécurité (sous-ministre) et ambassadeur de Tunisie en Allemagne à l’époque du président déchu Zein El Abidine Ben Ali, Mouhammad Karboul, a été vilipendé par un certain nombre de députés, notamment du Front Populaire (la coalition de la gauche et les nationalistes), ainsi que par certains députés indépendants qui ont réclamé sa démission. Ce qui a forcé le premier ministre à intervenir pour clarifier la situation avec la Chambre des représentants promettant de la renvoyer au cas où il y a des preuves sur une relation quelconque avec l’entité sioniste.
Or, le premier ministre a révélé aux membres de l'Assemblée constituante que Karboul lui avait assuré avoir visité la Palestine occupée en 2006, alors qu'elle travaillait pour une société étrangère et ce dans le cadre d’un projet pour un atelier de travail pour des jeunes palestiniens. Elle avait alors atterri à l'aéroport de Tel-Aviv où les hommes de la sécurité israélienne l’ont séquestrée durant au moins six heures pour l’interroger sur des questions sécuritaires et exerçant une pression psychologique sur elle, pour finalement la forcer à quitter rapidement la Palestine occupée, mettant fin à sa visite éclair en « Israël ».
L’affaire Karboul a divisé la rue tunisienne. D’une part un certain nombre de militants de gauche, d'islamistes et de nationalistes ont mené contre la jeune tunisienne une grande campagne de condamnation et demandé son licenciement, «en raison de son implication dans la normalisation avec l'entité sioniste».
D'autre part, un grand nombre de journalistes, d'intellectuels, et même certains partis, comme la Voie démocratique sociale ou l’Appel de Tunis, ont estimé que cette affaire a été inventée de toutes pièces.
La preuve en est selon eux que ceux qui mènent campagne contre la jeune ministre, en l'occurrence le bloc du Mouvement de la Renaissance et ses alliés , sont ceux-là mêmes qui refusé la pénalisation de la normalisation avec l'ennemi israélien.
Le porte-parole officiel du Parti social-démocrate (descendant du Parti communiste tunisien) Samir Tayeb, lui a même présenté des excuses sur ce qui s'est passé durant la séance de vote de confiance du gouvernement.
Par ailleurs, les organisations de soutien social et les associations de femmes sans compter des intellectuels ont dénoncé la campagne contre la ministre démissionnaire soupçonnant qu'elle veuille viser les femmes en particulier.
A noter que l'éclatement de cette polémique intervient après plusieurs jours de controverse sur les réseaux sociaux concernant une rumeur sur la nomination de l'homme d'affaires juif René Trabolsi au ministère du Tourisme. Dont sur les pages pro -Mouvement de la Renaissance et pro- mouvements islamiques tels que Hizb at-Tahrir et les salafistes qui ont accusé le gouvernement, avant mêmemsa formation de normalisation.
Il est évident que le nouveau gouvernement tunisien est affronté au défi majeur de la paralysie du secteur du tourisme, qui exploite environ 10 pour cent des Tunisiens depuis la chute de l'ancien régime, en raison de l'influence grandissante des salafistes dans les rues de Tunisie, ainsi que des opérations terroristes dans les pays, qui ont terni l'image de la Tunisie en Europe et ont baissé le nombre des touristes .
La situation de la Tunisie durant cette période est très sensible. Les groupes populaires et les syndicats misent sur le gouvernement tunisien et de nouveaux recrus pour sortir le pays de ses crises multiples.
Il semble que le nouveau Premier ministre, qui a dans son gouvernement 21 ministres dont sept ministres État, notamment trois femmes, a tenté de miser sur une jeune recrue qui a grandi en Allemagne et qui parle couramment cinq langues sans compter qu’elle possède une expérience considérable dans les marchés internationaux.