De l’attentat contre le Trade center en 2000, jusqu’à la victoire finale en 2020, en passant par la restauration du califat.
Est induit en erreur celui qui croit qu’Al-Qaïda œuvre aveuglément sans calendrier ni plan. La nébuleuse en action dans d’innombrables pays du monde islamique dispose d’un plan stratégique étalé sur 20 ans.
Selon le journal libanais al-Akhbar, des dizaines de cellules sécuritaires expertes dans la lutte contre le terrorisme ont scruté des dizaines de documents sur des projets d’action de cette nébuleuse et ses plans stratégiques pour trois, quatre, cinq, voire dix ans et en fonction desquels elle s’emploie sur le terrain suivant des mécanismes spécifiques.
A l’origine de ces documents, indique le journal, il existe un fascicule qui circule entre les dirigeants d’Al-Qaïda. Il a été évoqué en 2005 dans un livre réalisé par le journaliste jordanien Fouad Hussein, intitulé « Zarakoui, la deuxième génération d’Al-Qaïda » et dans lequel il publie le contenu de ses entretiens réalisés à la prison Sawwaka avec cheikh Abou Mohammed al-Makdici, l’un des plus importants théoriciens d’Al-Qaïda, et Abou Moussaab al-Zarkaoui, ancien numéro deux d’Al-Qaïda.
Un autre ouvrage aussi sert de référence pour connaitre les objectifs et les plans d’Al-Qaïda en vue de son accession au pouvoir : « C’est ainsi que nous concevons le Jihad et le voulons », et qui est très prisé sur les sites « jihadistes ».
En tout et pour tout, ce plan dispose de sept étapes qui commencent en 2000 et devraient prendre fin en 2020, date de « la réalisation de la victoire finale », selon le document.
La première étape qui s’étale entre 2000 et 2003 avec pour slogan «Récupérer la nation et l’éveiller » nécessite comme moyen pour la réaliser « d’assener un coup dur à la tête de la vipère à New York, pour lui faire perdre la raison, et afin qu’elle recourt à des ripostes qui puissent sacrer Al-Qaïda comme leader de la nation», est-il écrit dans le fascicule du projet.
Dans les faits, cette étape s’est illustrée par la déclaration de guerre des Croisades lancée par les Etats-Unis au lendemain de l’attentat du 11 septembre, en occupant l’Afghanistan et l’Irak , ce qui a eu pour effet d’élargir son champ de combat et de rendre plus accessible les cibles américaines.
La deuxième étape, (2003-2006), intitulée « Ouvrir les Yeux », vise à perpétuer le conflit avec l’ennemi et à préparer le terrain au « jihad cybernétique » prévu pour l’étape suivante.
L’Irak y est consacré comme bastion pour y bâtir « une armée jihadiste », afin d’en diffuser les combattants vers des régions stratégiques dans la monde arabe et musulman. En même temps, des études religieuses sont distribuées aux Musulmans pour les inciter à verser à Al-Qaïda les tributs dictés par la législation islamique, à l’instar d’al-zakat et de l’aumône.
La troisième étape, dénommée « S’éveiller et se mettre debout », pour la période allant de 2007 à 2010, elle prône l’action efficace qui devrait aboutir à une mutation qualitative dans le processus de changement dans la région qui entoure l’Irak.
Les contrées du Levant constituent son premier cap, compte-tenu de la présence de citations prophétiques qui évoquent son siège après celui de l’Irak. Le but étant de diviser la Syrie, le Liban et la Jordanie en mini-Etats communautaires, comme prélude au façonnement de la région de nouveau.
Citant al-Makdeci et Zarkaoui, le journaliste jordanien signale que l’idée de la création des Jound al-Cham (les soldats du Levant), avait été suggérée depuis les jours du jihad afghan, et qu’elle est restée inachevée en raison de l’invasion américaine d’Afghanistan en 2001. Ce qui a poussé ceux qui l’ont façonnée de se rendre en Syrie, au Liban, et en Irak pour préparer le terrain et profiter des opportunités qui se présentent.
A la fin de cette phase, Al-Qaïda aurait dû terminer ses préparatifs pour déplacer le combat à l’intérieur de la Palestine et à ses frontières. En même temps, elle devrait être sacrée « le leader légitime de la nation ».
Durant la quatrième phase (2010-2013), baptisée « Rétablissement », celle qui coïncide avec l’éclatement des évènements syriens, y seront pris pour cible les régimes sur place qui se devraient d’être renversés via l’accrochage direct.
Plusieurs objectifs en découlent : délégitimer les régimes au pouvoir aux yeux de leurs peuples, en dévoilant leur collaboration et leurs affinités avec la politique américaine. En parallèle, les rangs d’Al-Qaïda devraient poursuivre leur gomflement en recrutation, et ses combattants devraient poursuivre sans relache la guerre d'usure contre les troupes américaines via les accrochages continus. Sans oublier les attaques cybernétiques menées contre l’économie américaine.
Cette phase verra aussi la mise en exécution de plans d’attaque contre les sites pétroliers arabes, en brulant l’or noir. Le but étant de priver aussi bien les régimes sur place que l’occident de leur principal atout de force.
Pour ce faire aussi, c’est l’or qui devrait être adopté comme devise d’échange internationale pour en faire la réelle couverture des monnaies et se substituer au dollar.
Au terme de cette étape, Israël devrait être affaibli par la poursuite des accrochages qu’il subit et en raison de l’affaiblissement du soutien international qui lui était fourni.
Entre 2013 et 2016, se devrait être proclamée la restauration de l’Etat du califat, qui est l’objectif final d’Al-Qaïda. Des changements internationaux devraient être perçus, dont le dépérissement de l’axe anglo-saxon et l’émergence de puissances mondiales avec lesquelles les Musulmans n’ont pas d’inimitiés, à l’instar de la Chine et de l’Inde. En même temps, la puissance d’Al-Qaïda devrait connaitre une hausse vertigineuse.
Quant à l’avant dernière phase (2016-2019), elle devrait être celle de la « Confrontation ultime », entre les axes de la foi et ceux des impies. En principe, elle aurait dû éclater au lendemain de la proclamation du califat islamique.
Elle devrait se clôturer par « la victoire finale » en 2020, date à laquelle « les capacités de l’Etat islamique deviendront énormes et colossales et les Musulmans seront de l’ordre d’un milliard et demi », selon le texte du plan.