La carte du cabinet de fait accompli a de nouveau été remise sur le tapis par le tandem Sleiman-Salam.
Les démarches et les contacts politiques se sont intensifiés tous azimuts, dans le dossier de la formation du gouvernement, pour tenter de débloquer la situation et d’éviter un «faux pas ou une aventure gouvernementale non calculée», comme l’écrit le quotidien As Safir ce jeudi.
Si aucune percée décisive n’a été enregistrée, la reprise des contacts, essentiellement menés par l’émissaire du chef du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, le ministre Waël Abou Faour, a permis de reporter de quelques jours l’annonce d’un gouvernement de fait accompli.
Dans ce contexte, le quotidien Al Hayat rapporte que le Premier ministre désigné, M. Tammam Salam, a «reporté la remise au président Sleiman la composition de son gouvernement, en attendant la réponse officielle du Hezbollah sur les résultats de la médiation qu’il entreprend auprès du Courant patriotique libre».
Les différents milieux politiques s’accordent à dire que le président de la République, Michel Sleiman, ne mettra pas à exécution -cette semaine du moins- sa menace d’une formation imminente d’un gouvernement de fait accompli, ou d’un Cabinet neutre. Cette mesure est d’autant plus écartée que la formation d’un gouvernement de partenariat, appelé «gouvernement rassembleur», jouit du soutien de la communauté internationale, soucieuse d’éviter des complications politiques à la veille d’une échéance présidentielle qui s’annonce difficile au Liban.
De plus, l’option du gouvernement de fait accompli, bien qu’elle soit souhaitée par certains milieux saoudiens, est rejetée par une bonne partie de la classe politique libanaise (le 8-Mars et le CPL) et par l’Eglise maronite.
Or si le président Sleiman décide d’aller de l’avant dans cette option, il sera privé de toute couverture politique chrétienne, à l’exception de celle, très relative, fournie par le chef des Forces libanaises, Samir Geagea.
Profitant de ce climat, M. Joumblatt a donc repris ses démarches de conciliation. Son émissaire a fait la navette hier entre les principales forces concernées pour tenter de véhiculer une «nouvelle idée» susceptible de débloquer la situation.
Cette idée consiste à attribuer un portefeuille régalien, en l’occurrence celui des Affaires étrangères, au Courant patriotique libre, en contrepartie des ministères de l’Energie et des Télécommunications, qui lui seraient retirés.
Mais selon As Safir, le Premier ministre désigné, Tammam Salam, n’aurait pas fait preuve d’un enthousiasme particulier à l’égard de cette proposition, surtout qu’il serait contraint d’abandonner au profit du Courant du futur (à qui devait être confié le ministère des Affaires étrangères), le portefeuille de l’Intérieur, à la tête duquel il compte nommer l’un de ses proches, Mohammad Machnouk.
De son côté, le ministre Gebrane Bassil a affirmé que le CPL n’avait pas reçu «ni mercredi, ni pendant ces dix derniers mois, une offre officielle et claire de la part du Premier ministre désigné au sujet de la répartition des portefeuilles, afin de donner un avis».
Les négociations en cours butent donc sur l’intransigeance de toutes les parties.
Dans ce cadre, le quotidien Al Joumhouria rapporte que le président Sleiman a refusé de donner au Hezbollah la liste des portefeuilles qui seraient confiés au parti et à ses alliés, afin que les personnes adéquates soient choisies.
De son côté, M. Salam aurait refusé d’échanger avec le CPL le ministère de l’Energie contre celui de l’Intérieur.
A ce stade, il est possible de dire que les démarches pour la formation du nouveau gouvernement sont revenues à la case départ, surtout que la carte du cabinet de fait accompli a de nouveau été remise sur le tapis par le tandem Sleiman-Salam.
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