Cette position iranienne émane de son rejet du principe de condamner sans jugement, signe d’un despotisme latent ! Cet avis iranien est partagé par une grande majorité des Turcs.
Le chef du Conseil des droits de l'Homme iranien, Mohammad Javad Larijani, a estimé jeudi qu'Oussama Ben Laden méritait un procès équitable et non ce qu'il a appelé une "exécution unilatérale" par les forces américaines.
"C'est interdit par le droit international. Ce n'est ni équitable ni juste. Même les plus notoires terroristes doivent être traduits en justice. (Oussama Ben Laden) devait avoir droit à un procès équitable, un moyen de se défendre", a déclaré M. Larijani à des journalistes, lors d'une visite à Pretoria.
"Aucun pays dans le monde ne devrait se mettre en position d'interroger une personne, d'inculper une personne, de juger une personne et de passer à l'action unilatéralement", a-t-il jugé.
M. Larijani rappelle que ce sont les Etats-Unis qui ont aidé la nébuleuse Al Qaïda pendant des années avant les attentats du World Trade Center de New York et du Pentagone à Washington.
"L'Iran combattait Al-Qaïda depuis des années avant le 11-Septembre, et les Etats-Unis aidaient ces groupes depuis des années. Tout d'un coup après le 11-Septembre ces groupes sont devenus l'incarnation du démon et des accusations ont été portées contre eux."
S'il estime que "le terrorisme doit être combattu partout dans le monde", le responsable iranien a également fustigé les pays qui se considèrent comme des "chefs de file dans la lutte contre le terrorisme".
"Les pays qui se considèrent comme les porte-drapeaux de la lutte anti-terrorisme font malheureusement de leurs capitales les meilleurs refuges pour que le terrorisme prospère. C'est mal", a-t-il regretté.
À l’annonce de la mort de Ben Laden, l'Iran avait estimé que les Occidentaux n’avaient plus aucune excuse pour maintenir des forces en Afghanistan et au Moyen-Orient.
Chez l’opinion publique turque, il semblerait aussi qu’une majorité répugne cette façon d’agir américaine.
Selon un sondage, 79% des 1500 sondés pensent qu’il aurait dû être traduit en justice, alors que 62% n’approuvent pas son élimination, contre 25% qui l’approuvent.
Sachant que 78% des 1500 turcs sondés estiment qu’AlQaïda ne représente pas l’Islam.