Le Centre de la sécurité des télécommunications du Canada était en mesure de suivre les mouvements de tous les passagers ayant fréquenté les aéroports.
Le service de renseignement canadien a assuré vendredi qu'il respectait la loi lorsqu'il interceptait des métadonnées en espionnant les connexions internet sans fil des aéroports, affirmant que son action ne visait que "les entités étrangères".
En s'appuyant sur des documents secrets obtenus auprès de l'ancien consultant du renseignement américain Edward Snowden, la chaîne publique CBC a rapporté jeudi soir que le Centre de la sécurité des télécommunications du Canada (CST) avait été en mesure de suivre les mouvements de tous les passagers ayant fréquenté les aéroports tout en se connectant aux systèmes wifi avec leurs appareils mobiles (téléphones, tablettes ou ordinateurs).
Ces personnes pouvaient ensuite être suivies dans leurs déplacements au gré de leurs connexions sur des wifi publics (café, bibliothèque, hôtels, transports en commun...) à travers le Canada mais aussi dans les aéroports américains. Selon les documents, mis en ligne par CBC, le CST a mené cette opération à titre de test pour le compte de l'agence de renseignement américaine (NSA).
Notant que la divulgation "non autorisée" de ces informations "fait en sorte que les techniques dont nous disposons risquent d'être moins efficaces", le CST a affirmé dans un communiqué "qu'aucun Canadien ni voyageur n'a fait l'objet d'une filature".
"Aucune communication canadienne n'a été ou n'est ciblée, recueillie ou utilisée", a insisté l'agence de renseignement, répétant que ses activités respectaient un cadre législatif précis et étaient "régies par un cadre rigoureux de directives ministérielles et de politiques opérationnelles".
La révélation de la surveillance des voyageurs, Canadiens compris, aux aéroports, entrerait en contradiction avec les déclarations du chef du renseignement canadien, qui niait l'an dernier que le CST espionnait les Canadiens. "Protéger la vie privée des Canadiens est notre principe le plus important", avait-il dit.
Interrogé par CBC, le journaliste américain Glenn Greenwald, qui contribue à la publication des documents récupérés par Edward Snowden, a estimé que cette dernière révélation démontrait que les alliés des "5-Eyes" (Australie, Canada, Etats-Unis, Nouvelle-Zélande, Royaume-Uni) "jugent que plus ils collectent de données sur ce que les gens font et disent, et pas seulement les terroristes ou les criminels mais bien la population en général, plus ils sont forts".