C’est la première fois qu’un pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG), créé en 1981, proteste publiquement contre un autre membre du groupe, qui réunit aussi l’Arabie saoudite, Bahreïn, le Koweït et Oman.
Les autorités des Emirats arabes unis ont annoncé dimanche avoir convoqué l'ambassadeur du Qatar à Abou Dhabi pour protester officiellement contre les propos du prédicateur qatari Youssef al-Qaradaoui, qui les a accusées d'être hostiles aux islamistes.
Selon les Emirats, c'est la première fois qu'un pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG), créé en 1981, proteste publiquement contre un autre membre du groupe, qui réunit aussi l'Arabie saoudite, Bahreïn, le Koweït et Oman.
L'ambassadeur du Qatar à Abou Dhabi, Fares al-Nouaïmi, a été convoqué dimanche au ministère des Affaires étrangères où il s'est vu remettre "une lettre de protestation officielle" contre Youssef al-Qaradaoui pour avoir "porté atteinte aux Emirats", a précisé l'agence officielle Wam.
Cheikh Qaradaoui avait provoqué la colère des Emirats en affirmant lors de son prêche du vendredi 24 janvier, que ce pays était "contre tout régime islamiste" et "jetait en prison les partisans" d'un tel régime.
Ce weekend, le chef de la diplomatie du Qatar Khaled Al-Attiya a désavoué le prédicateur, en affirmant que ses propos "ne représentent pas la politique étrangère du Qatar, qui est uniquement exprimée par les canaux officiels".
"La relation du Qatar avec les Emirats est une relation stratégique dans tous les domaines. Nous ne portons à nos frères aux Emirats que le respect et l'amitié", avait-il assuré.
Mais le ministre d'Etat émirati aux Affaires étrangères, Anwar Gargash, a exprimé dimanche sa déception concernant la réaction du Qatar.
"Nous avons tenté ces derniers jours de régler la question par des contacts au plus haut niveau, mais ces contacts n'ont abouti qu'à une déclaration officielle n'exprimant aucune attitude ferme rejetant les propos de Qaradaoui et garantissant que de tels propos ne se reproduisent plus", a déclaré M. Gargash.
Il a ajouté que son gouvernement avait été "obligé" de protester officiellement auprès du Qatar, "une mesure sans précédent dans les relations (entre les monarchies du) Golfe".
"Nous n'accepterons, sous aucun prétexte, que l'on porte atteinte à la dignité des Emirats (...) ou qu'on nuise à sa politique et ses valeurs", a conclu le ministre, cité par Wam.
La justice des Emirats a condamné ces derniers mois des dizaines d'islamistes locaux et égyptiens, accusés de complot ou d'avoir formé des cellules des Frères musulmans.
Le prédicateur Qaradaoui, considéré comme l'éminence grise des Frères musulmans, a joué un rôle de premier plan, notamment via la chaîne du Qatar Al-Jazeera, dans la politique d'appui par Doha des mouvements islamistes, notamment lors du Printemps arabe.
Les relations entre le Qatar et les autres pays du Golfe, en particulier l'Arabie saoudite et les Emirats, se sont tendues en raison du soutien de Doha aux islamistes, notamment égyptiens. Les Emirats comme l'Arabie saoudite soutiennent le pouvoir mis en place en Egypte par l'armée qui a destitué le président islamiste Mohamed Morsi début juillet.