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A l’orée de la guerre, un rapport de forces inégal entre les grandes puissances

A l’orée de la guerre, un rapport de forces inégal entre les grandes puissances

Les leçons de la Première Guerre mondiale

Lorsque le conflit s'engage, à l'été 1914, la balance semble bien inégale entre les deux camps: les pays de l'Entente (France, Grande-Bretagne, Russie) comptent quelque 260 millions d'habitants - et le double avec leurs empires--  contre 120 millions pour les puissances centrales (Allemagne, Autriche-Hongrie).
 Mais le niveau de leurs forces militaires rapidement mobilisables est comparable.
  
Depuis des années déjà, deux blocs militaires se font face en Europe: la Triple Alliance, formée en 1882 entre l'Allemagne, l'Autriche-Hongrie et l'Italie (qui changera de camp en 1915) et la Triple Entente, conclue en 1907 entre Paris, Londres et Moscou.
  
Ces puissances européennes sont toutes largement dépendantes économiquement les unes des autres. La Grande-Bretagne, la France et l'Allemagne --forte de ses 65 millions d'habitants qui en font le premier pays d'Europe- ont des poids comparables, tandis que l'Autriche-Hongrie et la Russie sont moins développées industriellement.
  
En termes démographique et économique, la disproportion en faveur de l'Entente est d'autant plus grande qu'elle peut compter sur les ressources humaines et matérielles de ses immenses colonies, qui couvrent en 1914 près du quart de la planète. La France et la Grande-Bretagne bénéficieront ainsi durant le conflit d'un renfort de deux millions de soldats "coloniaux", et de l'accès aux matières premières qui font défaut aux empires centraux.
  
Des forces comparables

Mais, alors que les stratèges sont unanimes à prévoir une guerre courte, ce sont surtout les forces militaires immédiatement disponibles et leur qualité qui comptent dans le calcul des dirigeants européens à l'été 14. Et de ce point de vue, les puissances centrales font jeu égal avec leurs adversaires.
  
L'Allemagne peut aligner une centaine de divisions, soit environ 1,8 million d'hommes auxquelles s'ajoutent 22 divisions de "territoriaux", tandis que l'empire des Habsbourg dispose de  plus d'un million de soldats au sein de 60 divisions.
  
Dans l'autre camp, la France dispose de quelque 80 divisions, soit 1,5 million d'hommes, sans compter elle aussi des divisions "territoriales". Sur le front est, la Russie peut prendre les pays de l'Alliance à revers avec quelque 2 millions d'hommes, mais leur valeur est généralement jugée plus faible.
  
La Grande-Bretagne, qui ne connait pas la conscription obligatoire, n'a que de faibles effectifs militaires terrestres immédiatement opérationnels: 170.000 hommes seulement. Mais la Royal Navy détient la maîtrise de mers. Les Alliés peuvent également compter sur quelque 100.000 soldats belges et 150.000 Serbes.
  
Le pari militaire allemand
  
Dans ce contexte, l'Allemagne, malgré son encerclement,  pense pouvoir l'emporter si la guerre est suffisamment courte pour lui éviter d'avoir à se battre simultanément sur deux fronts et d'être asphyxiée économiquement : ce sera le pari du " plan Schlieffen ", qui prévoit de jeter d'abord le gros des forces allemandes contre la France afin de l'écraser en quelques semaines, avant de les retourner contre la Russie dont Berlin estime -les événements lui donneront tort- que la mobilisation prendra au moins un mois.
  
La mécanique implacable des alliances de blocs et le " plan Schliefen ", qui impose à Berlin de prendre ses adversaires de vitesse dans le déclenchement de la guerre, vont entrainer un embrasement généralisé de l'Europe en quelques jours, après la décision fatale de l'Autriche de déclarer la guerre à la Serbie le 28 juillet 1914.
 
 L'échec du plan allemand, scellé par la victoire française dans la bataille de la Marne début septembre, permettra aux alliés -renforcés à partir de 1917 par les Etats-Unis-- de finir par tirer le bénéfice de leur supériorité économique et démographique, et de renverser le sort de la guerre en épuisant inexorablement leurs adversaires.