Le patriarche Béchara Raï a insisté dans la charte nationale de Bkerké sur "la neutralité positive et engagé du Liban envers la question palestinienne et celles arabes.
L'église maronite, la plus influente du Liban, a publié mercredi une charte nationale ayant pour base les constantes, les appréhensions et les priorités nationales, au moment où le pays est plongé dans une grave crise politique.
"Le but de la charte nationale est d'aider à sortir de la crise politique et l'élection d'un nouveau président", a déclaré le patriarche Béchara Raï lors d'une conférence de presse, à l'issue de la réunion mensuelle des évêques à Bkerké, siège du patriarcat maronite.
Le Patriarche maronite a mis en garde contre la gravité de la situation actuelle du Liban soulignant que " le Liban traverse des crises graves et subit les répercussions des développements régionaux". "Le patriarcat appelle toutes les parties à œuvrer pour la consolidation et l'édification d'un État fort et capable", a-t-il martelé.
Et de poursuivre:"la situation actuelle est très grave et menace l'essence même du Liban. L’Église ne peut rester les bras croisés face à cette crise. L'édification d'un État conformément à la Constitution peut nous aider à sauver le Liban".
Selon lui, le Liban se trouve à la limite "d’un nouveau règne présidentiel alors que la lutte politique a atteint une phase mettant en danger sa stabilité du Liban".
" En conséquence, l'Eglise maronite, chargée de la préservation de l'histoire maronite et de la mémoire nationale, a le devoir de réiterer ses priorités et celles du peuple libanais pour construire un avenir meilleur ", insiste-t-il.
Le patriarche a souligné que «le deuxième chapitre du document aborde les préoccupations actuelles et la première d'entre elles est la conjoncture actuelle, face à laquelle l'église maronite ne peut rester sans agir compte tenu de sa dangerosité sur l'avenir du pays" .
Son excellence met par ailleurs en garde contre la paralysie des institutions constitutionnelles et le non respect des échéances électorales, "à l'instar de l'échec de l'adoption d'une nouvelle loi électorale et la peur d'un vide à la présidence de la République"
Et donc il a appelé les responsables politiques "à faciliter la formation d'un gouvernement rassembleur, mais aussi à l'élaboration d'une loi électorale , en insistant sur la nécessité d'une présidentielle dans les délais".
"Il faut privilégier l'intérêt national supérieur pour sortir de la crise, à travers un dialogue transparent. L'élection d'un président est une nécessité pour le Liban", affirme encore le patrirache Rai.
Et d'ajouter: "Les Libanais doivent savoir que tout projet national ne peut réussir que s'il met en place un État capable et fort", a-t-il dit, mettant en garde contre toute forme de lutte pour le pouvoir, qui mènera "le Liban à sa perte".
Abordant la question de la neutralité du Liban, le patriarche Raï a condamné les ingérences dans les crises étrangères et la politique des axes.
"La meilleure solution pour préserver la diversité est la neutralité du Liban, sous la protection de l'armée et des forces de sécurité. Une neutralité positive du Liban et engagée dans les questions arabes et dans la cause palestinienne , dans les droits de citoyenneté et de consolidation de la paix qui sont une nécessité pour la région afin que le pays puisse être fort pour se défendre. Il faut chercher à neutraliser les conflits entre les axes et empêcher que le Liban ne devienne leur base ou leur couloir , il faut définir des stratégies qui permettent au Liban de récupérer son territoire ", a-t-il continué, soulignant que" l'Église croit que la sortie de la crise actuelle n'est ralisable qu'à travers un retour à l'intérêt national suprême ».
Son éminence en a aussi appelé à l'application des Accords de Taëf, tout en y ajoutant des corrections, des explications ou des clarifications sur certains de ses points.
Pour l’Église maronite, "la construction d'un État fort et capable, au sein duquel les armes sont détenues par les forces légales, le respect de la justice, l'application de la loi à tous les Libanais, l'arrêt du clientélisme et la redynamisation de l'économie, constituent une issue de secours pour le Liban", souligne-t-il.
Bkerké établit enfin une liste des priorités : la construction de l’État, une nouvelle loi électorale juste, la décentralisation, l'application de Taëf, la formation de gouvernements efficaces qui respectent les déclarations ministérielles, le renforcement du rôle de la femme notamment dans la politique et une réforme administrative.
Le travail pour l'élaboration de ce document a commencé en août, à l'issue de longues réunions avec les leaders libanais.