Selon le leader du CPL, l’article 66 de la Constitution ôte toute légalité à un gouvernement dans lequel les différentes communautés ne seraient pas représentées de façon équitable
Alors que le Premier ministre désigné, M. Tammam Salam, estime avoir fait tout son possible pour faciliter la naissance d’un gouvernement rassembleur, et que la formation d’un cabinet politique de fait accompli semble imminente, de l’avis des observateurs, le général Michel Aoun s’est montré intransigeant.
Le chef du Courant patriotique libre (CPL) a mis en garde ceux qui menacent régulièrement de former «un gouvernement du fait accompli» ou «avec les présents», dénonçant, une nouvelle fois, «la marginalisation de la première force parlementaire chrétienne». Le général Aoun a ajouté que lorsque son parti a protesté contre cette erreur, on lui a répondu que les jeux étaient faits et qu'il ne lui restait plus qu'à accepter les faits.
Selon le leader du CPL, l'article 66 de la Constitution ôte toute légalité à un gouvernement dans lequel les différentes communautés ne seraient pas représentées de façon équitable.
Ces positions en flèche du général interviennent alors que le 8-Mars et ses alliés commencent à dévoiler leurs cartes en cas de formation d’un gouvernement de fait accompli.
Le quotidien An Nahar a rapporté mercredi que le retrait de tous les ministres du 8-Mars, en signe de solidarité avec le CPL, «est une éventualité très plausible face à laquelle il faut prévoir un scénario de réponse». «Le retrait du 8-Mars signifie que le gouvernement se transformera immédiatement après sa formation en équipe d’expédition des affaires courantes», poursuit le journal proche du 14-Mars.
An Nahar affirme qu’au lendemain de la démission des ministres du CPL et du 8-Mars, le Premier ministre, Tammam Salam, pourrait jeter l’éponge.
L’Orient-Le Jour évoque même un possible retour aux affaires de l’ancien Premier ministre Saad Hariri, à l’issue de nouvelles consultations parlementaires.
Le quotidien Al-Joumhouria, également proche du 14-Mars, croit savoir que le chef du Parti socialiste progressiste (PSP), Walid Joumblatt, a arrêté, mardi soir, ses choix définitifs au sujet de la question gouvernementale. Selon le journal, le leader druze a informé le président de la Chambre, Nabih Berry, qu’il se rangera du côté du 8-Mars et retirera ses deux ministres du nouveau gouvernement. Si un tel scénario se concrétisait, cela signifiera que plus du tiers des ministres auront quitté le Cabinet juste après sa formation, ce qui provoquera la démission automatique du gouvernement.
Le site Elnashra.com indique de son côté que le 8-Mars et le CPL ont annoncé leur intention de quitter le gouvernement avant même sa naissance. Mais actuellement, les composantes de cette coalition ainsi que le PSP se concertent pour voir s’ils remettront les ministères dont ils ont actuellement la charge à leurs successeurs, qui seront nommés par M. Salam.
Cette position est nouvelle, car pendant toute la durée des négociations pour la formation du gouvernement, les composantes du 8-Mars et le CPL avaient déclaré qu’ils organiseraient des passassions de pouvoir. «Mais la donne a changé, indique l’article d’Elnashra. Ces partis considèrent désormais le gouvernement du fait accompli comme un coup d’Etat contraire aux dispositions du pacte national ». L’article craint qu’après la chute du gouvernement mort-né de Salam, le président Michel Sleïmane ne tergiverse et n’appelle pas à de nouvelles consultations parlementaires pour désigner un successeur. De la sorte, le gouvernement Salam expédie les affaires courantes en cas de vacance à la première magistrature de l’Etat.
Al Joumhouria indique qu’en plus des revendications du CPL, le Hezbollah a également exprimé de fortes réserves à l’égard des intentions de M. Salam de confier au 14-Mars les deux ministères sécuritaires du pays, la Défense et l’Intérieur.
«Une telle répartition déséquilibrée est inacceptable», ont affirmé des sources proches du Hezbollah.
Médiarama