Les chrétiens les chiites, les alaouites, les ismaéliens et les druzes sont victimes d’une véritable guerre d’extermination lancées par toutes les factions de la «révolution» syrienne
Daech (l’EIIL, l’Etat islamique en Irak et au Levant) a imposé la jizia (impôt spécifique aux chrétiens) à Raqqa. Une décision qui chatouille les instincts longtemps refoulés, chez les islamistes.
Les plus modérés d’entre eux ne peuvent pas argumenter avec les «daechistes» (membres de l’EIIL) les textes qui sont clairs à ce sujet. Qui dire alors des takfiristes: les émirs du Front al-Nosra, le représentant officiel d’Al-Qaïda au Levant, les groupes du Front islamique ou les brigades de l’Armée syrienne libre, qui ne cachent pas leur identité fondamentaliste, aussi bien au niveau de leurs noms que de leurs étendards et de leurs actions.
Les «daechistes», qui ont imposé leur suprématie à Raqqa, ont estimé qu’ils étaient confrontés à «un problème qui nécessite une solution»: comment se fait-il que les chrétiens de Raqqa soient restés des chrétiens infidèles quatorze siècles après l’apparition de l’islam?
Il est un devoir urgent, pour eux, de rectifier cette «maudite erreur».
Les fondamentalistes, dans toutes leurs nuances, ne peuvent concevoir la poursuite de la présence des chrétiens en Orient que comme une erreur qu’il faut corriger sans retard. A ce que prévoit le texte –la conversion à l’islam, la jizia ou la guerre-, Daech, dont les responsables, comme tous les takfiristes, sont obsédés par le sexe, ont ajouté une nouvelle condition: le droit pour les émirs de Daech d’habiter les maisons des chrétiens et d’abuser de leurs femmes.
Les exactions de Daech n’épargnent même pas les musulmans, hommes et femmes. Ainsi, les doigts des fumeurs sont tranchés, ceux qui se coupent les cheveux courts sont exécutés. Des femmes sont recrutées pour mener une guerre d’humiliation physique et psychologique contre les femmes. Elles ne sont non seulement fouettées si elles ne portent pas le Niqab, mais aussi si elles s’assoient sur une chaise ou si elles se déplacent sans être accompagné d’un mouhrram (un tuteur légal, ndlr).
Les chrétiens les chiites, les alaouites, les ismaéliens et les druzes sont victimes d’une véritable guerre d’extermination, lancées par toutes les factions de la «révolution» syrienne.
Nahed Hattar: chroniqueur jordanien à Al Akhbar