Et c’est pour cela que la Turquie a fermé les bureaux de la Coalition de l’opposition syrienne sur son territoire.
« Nous n’avons réalisé aucune victoire contre l’armée syrienne, c’est pour cela nous avons décidé de dialoguer avec le régime », c’est ce qu’a avoué le soi-disant chef du gouvernement de l’opposition syrienne Ahmad Tohmeh, pour la chaine de télévision britannique BBC, pour expliquer les raisons pour lesquelles, la coalition de l’opposition s’est finalement résolue à négocier avec le pouvoir syrien après avoir longtemps refusé de le faire.
Il a poursuivi en accusant la Communauté internationale d’avoir déçu le peuple syrien en s’abstenant de lui offrir l’aide qui peut l’aider à trancher la bataille.
« Si nous étions parvenus à le vaincre sur le terrain, nous n’aurions jamais arrêté, nous ne serions pas arrivés à ce point-là, mais hélas, la Communauté internationale a trahi le peuple syrien et ne lui a pas fourni ce dont il avait besoin comme aides et assistances pour finir la bataille à son avantage », a-t-il ajouté.
Interrogé sur les acquis obtenus durant le premier round des négociations, Tohmeh a dit que l’équipe aux pourparlers « a obtenu beaucoup plus qu’elle ne s’attendait », sans donner plus de précisions. Sachant que tous les observateurs avaient conclu d’après le premier round des négociations de Genève II, qu’elles ont été un fiasco.
Interrogé aussi sur la capacité de la coalition à imposer à la milice du Front Islamique (une coalition de milices insurgées, dont le noyau est l’Armée islamique, financée par l’Arabie saoudite), il a répondu : « Si nous parvenons à un accord juste et à une solution politique qui garantit au peuple syrien sa dignité et le départ de Bachar al-Assad, aucune force ne pourra s’opposer à nous ».
Il a nié que des discussions aient été entamées avec les Russes sur l’instance transitoire de pouvoir, assurant vouloir la soulever durant les prochains rounds des négociations en Suisse.
Selon lui, le pouvoir syrien se considère toujours légitime et qu’il est de son droit de régner. « Ils ne se considèrent pas comme étant des criminels. Ils seront jugés devant les tribunaux internationaux tôt ou tard », a-t-il conclu.
La Coalition délogée
Alors que ce responsable tenait ses propos, la Turquie était en train de fermer tous les bureaux de la Coalition sur son territoire.
Le premier à avoir été fermé est celui d’Istanbul, qui était situé dans l’une des tours proches de l’aéroport. La raison avancée est qu’il dérangeait les voisins en raison des va-et-vient incessants qu’il provoquait et des mesures de sécurité draconiennes qui étaient mises en place à cause de lui.
La dernière de ces mesures avait été prise lorsque les garde du corps du chef de la Coalition, Ahmad al-Jarba ont soupçonné la présence d’une voiture piégée, ce qui a poussé les forces de l’ordre à évacuer la totalité du bâtiment, y semant une grande confusion. C’est alors que le propriétaire du bâtiment a convoqué la police et a expulsé sans aucun ménagement ni considération tous les locataires du bureau de la Coalition.
Dimanche dernier, c’est un deuxième bureau qui a été fermé, celui de Ghazi-Antab, la ville située à proximité de la frontière avec la Syrie. La raison invoquée cette fois-ci est l’existence de menaces d’Al-Qaïda.
Les responsables de la coalition ont tenté d’obtenir des explications, mis en vain. Ils sont pour le moment à la recherche d’un autre pays, mais semblent à court, sachant que le Qatar non plus n’est pas disposé à les abriter. Pour les mêmes raisons que celles de la Turquie.
Le retour du CNS
Car les raisons réelles de ce délogement semblent, selon AlAlam citant des sources turques, être ailleurs.
C’est depuis la victoire de l’aile saoudienne au sein de la coalition, par la désignation du pro saoudien Ahmad al-Jarba à sa tête que les choses sont allées mal avec les Turcs comme avec les Qataris. Depuis, plus de quarante membres de cette instance l’avaient quittée pour protester contre la volonté des saoudiens de s’accaparer cette opposition.
Cette ingérence saoudienne s’étant alors répercutée sur le sol syrien, lorsque le Front islamique a délogé les milices du numéro un de l’Armée Syrienne libre, Sélim Idriss.
En revanche, constatent les observateurs, Turcs et Qataris tentent tant bien que mal de raviver une autre instance, le Conseil National Syrien, dont les bureaux ont été réactivés aussi bien à Istanbul qu’à Ghazi-Antab.