La simultanéité entre l’instance de transition et la lutte contre le terrorisme.
Le deuxième round des négociations de Genève II, entre le gouvernement syrien et la délégation de l’opposition, a coïncidé avec deux événements importants sur le terrain: un massacre commis par des rebelles extrémistes dans le village de Ayyan, à Hama, qui a fait quelque 42 morts civils, et une trêve humanitaire à Homs, qui a permis d’évacuer près de 1200, pris au piège dans les vieux quartiers de la ville, contrôlé par les rebelles.
Le massacre de Ayyan a jeté une ombre sur le début des négociations, lundi, lorsque la délégation gouvernementale a proposé de publier un communiqué au nom des participants dénonçant la tuerie. Mais la proposition est restée sans suite.
Lundi, Lakhdar Brahimi a rencontré les deux délégations séparément, avant de les réunir, mardi, autour d’une même table, pour des discussions indirectes par l’intermédiaire de l’émissaire international.
Cette rencontre autour d’une même table ne dissipe pas les profondes divergences qui séparent encore les deux délégations. Celle du gouvernement insiste pour que la question de la lutte contre le terrorisme soit examinée en priorité, conformément aux dispositions du document de Genève I, qui prévoit, en son premier point, l’arrêt de la violence.
Les membres de la Coalition nationale syrienne (CNS) exigent, pour leur part, que la question de l’instance de transition soit au centre des débats.
La délégation de l'opposition avait averti, lundi, qu'elle ne participerait pas à un troisième round si aucun progrès n'était réalisé. «S'il n'y a aucun progrès, je pense que ce serait une perte de temps d'envisager un troisième round», a dit à la presse le porte-parole de la Coalition, Louay Safi.
De son côté, le porte-parole de la délégation officielle, le ministre de l’Information Omrane al-Zohbi, a assuré que les représentants de l’Etat syrien ne se retireront pas et poursuivront les négociations jusqu’au bout.
Des sources bien informées citées par la presse arabophone indiquent que M. Brahimi déploie d’intenses efforts pour faire progresser les discussions. Il aurait proposé, pour sortir de l’impasse, d’aborder simultanément et parallèlement les deux sujets: la lutte contre le terrorisme et la transition.
Pendant ce temps, sur le terrain, quelque 460 civils ont été évacués lundi par l'Onu et le croissant Rouge syrien des quartiers du Vieux Homs, portant à 1200 le nombre d'habitants évacués en quatre jours. Les équipes de secouristes se préparaient à évacuer mardi un nouveau groupe d'habitants. Selon les estimations, il y aurait encore quelque 1800 personnes dans le Vieux Homs.
Les civils évacués sont pris en charge par des volontaires du Croissant Rouge dans un centre d'accueil aménagé pour l'occasion. Dans des photos diffusées par l'organisation, on voit une femme et son bébé assis devant une table où sont posées des rations alimentaires et des hommes âgés, les yeux hagards, réconfortés par des volontaires qui leur auscultent la tension artérielle.
Cette opération humanitaire a été rendue possible grâce à une trêve négociée par l'Onu entre le gouvernement syrien et les rebelles. Ces derniers ont violé la trêve à plusieurs reprises, samedi, compromettant le processus qui a failli être définitivement suspendu.
En dépit du succès de cette opération, la première du genre depuis le début de la crise en Syrie, l’Occident poursuit ses pressions diplomatiques contre l’Etat syrien. La France a proposé un projet de résolution au Conseil de sécurité, prévoyant l’ouverture de corridors humanitaires dans les «villes assiégées par le régime». Mais cette initiative a peu de chance d’aboutir, surtout que la Russie s’y est fermement opposée. Le projet de résolution est «absolument inacceptable» pour Moscou, a déclaré mardi le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov.
«Les idées qui nous ont été transmises sont absolument inacceptables et contiennent un ultimatum pour le gouvernement» syrien, a déclaré M. Lavrov. Elles sont «unilatérales, détachées de la réalité»
Médiarama