Rifi est fréquemment cité comme le parrain de plusieurs milices armées à Tripoli, sa ville natale.
Alors que tout semblait prêt pour l'annonce du gouvernement ce vendredi, avant le début d'une tournée de dix jours à l'étranger du président du Parlement, Nabih Berry, un obstacle de dernière minute est venu retarder ce dénouement attendu depuis presque dix mois par les Libanais.
Les divergences portent sur le nom du titulaire du ministère de l'Intérieur. Le nom de l'ancien directeur des Forces de sécurité intérieure (FSI), le général Achraf Rifi, avancé par le Courant du futur à ce poste de ministre, a été rejeté par le 8-Mars.
Plusieurs médias ont indiqué que le président Berry avait affirmé au Premier ministre désigné, Tammam Salam, qu'il était "impossible d'accepter le nom proposé pour le portefeuille de l'Intérieur".
Le 8-Mars considère que les positions extrémistes du général Rifi, notamment à l'égard du Hezbollah, l'une des principales composantes du gouvernement et du partenariat national, en fait une personnalité "inacceptable" à l'Intérieur.
La proposition du nom de M. Rifi à ce poste est d'autant plus surprenante que les tractations des dernières heures avaient permis de surmonter la plupart des obstacles qui entravaient la formation du gouvernement. Il était convenu que le ministère-clé de l'Intérieur serait occupé par le député Jamal Al-Jarrah ou son collègue Samir al-Jisr, tous deux membres du bloc du futur, et dont la désignation ne serait pas perçue comme une provocation par le 8-Mars.
Des milieux de cette coalition s'étonnent que M. Rifi soit proposé à un poste aussi sensible que l'Intérieur, alors que son nom est fréquemment cité comme le parrain de plusieurs milices armées à Tripoli, sa ville natale.
Des sources du 8-Mars citées par As Safir ont commenté la décision du Courant du futur de nommer Rifi à l'intérieur en déclarant: "Le 8-Mars a fait tomber le gouvernement de Najib Mikati pour empêcher la prorogation du mandat de Rifi à la tête des Forces de sécurité intérieure. Est-il possible qu'il accepte maintenant qu'il soit nommé à la tête du ministère de l'Intérieur?"
Les autres obstacles avaient pu être surmontés après d'intenses contacts entre le Courant du futur et le Courant patriotique libre (CPL). Les discussions entre ces deux partis, qui possèdent les deux plus grands groupes au Parlement, avaient commencé il y a déjà quelques mois, et auraient été couronnées par une rencontre, à Rome, entre l'ancien Premier ministre Saad Hariri, et le leader du CPL, Michel Aoun... une rencontre qui n'a jamais été confirmée ou démentie par les intéressés.
L'obstacle du ministère de l'Énergie et de l'Eau a été surmonté lors d'une réunion jeudi soir entre Nader Hariri, proche conseiller de Saad Hariri, et le ministre Gebran Bassil. Les deux parties ont convenu que ce portefeuille sera attribué à Arthur Nazarian, un ancien ministre du Tachnag, lequel est membre du bloc du général Aoun.
Les quatre portefeuilles régaliens ont été attribués comme suit: un chiite (du bloc Berry)aux Finances, un sunnite (Futur) à l'Intérieur, un maronite, que nommerait le président dela République, à la Défense, et enfin un grec-orthodoxe pour le CPL aux Affaires étrangères.
L'Orient-Le Jour rapporte que "cette répartition désavantage numériquement le 14-Mars, qui n'a qu'un seul ministère-clé (alors que le 8-Mars en aura deux) et le chef de l'État un". "Mais Saad Hariri aurait fait taire les contestations dans son camp à ce sujet en arguant du fait que le choix du chef de l'État devrait être considéré comme un choix ami", ajoute le quotidien.
Pour ce qui est des noms, les médias avancent les choix suivants: Yassine Jaber, député de Nabatiyeh ou Ali Hassan Khalil pour les Finances. La Défense reviendrait à l'ancien ministre Khalil Hraoui. Les Affaires étrangères au ministre sortant de la Culture, Gaby Layoun, membre du CPL. Gebran Bassil prendrait la tête du ministère de la Santé, les Travaux publics reviendrait à un ministre nommé par son allié Sleiman Frangié... ou vice-versa