Les illustrations montrent la violence des manifestants contre les forces de l’ordre, avant le lancement de l’assaut de ces derniers: 7 tués dont 2 policiers.
Moscou estime que l'aggravation de la situation au centre de Kiev est la conséquence de la politique de complaisance pratiquée par l'Occident qui ferme les yeux sur l'action agressive des forces radicales en Ukraine, souligne mardi le ministère russe des Affaires étrangères. rapporte Ria Novosti.
"Les événements en cours sont le résultat direct de la complaisance dont font preuve les politiques occidentaux et les structures européennes qui, dès le début de la crise, ferment les yeux sur l'action agressive des forces radicales en Ukraine, les encourageant ainsi à une escalade (de la violence, ndlr) et à des provocations contre le pouvoir légitime. Nous appelons de nouveau l'opposition ukrainienne à renoncer aux menaces et ultimatums et à engager un dialogue constructif avec le pouvoir pour chercher des issues à la crise profonde où se trouve plongé le pays", lit-on dans le communiqué de la diplomatie russe.
Affrontement violents
Selon le correspondant de RIA Novosti, des affrontements entre protestataires et forces de l'ordre ont repris mardi à Kiev, théâtre d'une importante contestation populaire depuis plusieurs mois. L'agence UNIAN rapporte que des éléments radicaux jettent des pierres contre les policiers, qui répondent par des tirs de grenades assourdissantes et de gaz lacrymogènes.
Ces affrontements ont fait une centaine de blessés parmi les forces de l'ordre et les manifestants, a déclaré le procureur général de l'Ukraine Viktor Pchonka. "Selon les dernières informations, une centaine de personnes ont été blessées dans les troubles", a annoncé mardi M. Pchonka, cité par le service de presse du Parquet général.
Il a fait savoir que les "fauteurs de troubles auraient à répondre de chaque personne blessée, de chaque voiture brûlée et de chaque vitre brisée". "Personne n'échappera à sa responsabilité", a conclu le magistrat.
Mais selon l’AFP, ce sont au moins 150 manifestants qui ont été blessés mardi, dont 30 grièvement - l'un ayant eu la main arrachée en ramassant une grenade assourdissante -, selon Oleg Moussiï, chef du service médical de l'opposition.
L’AFP rapporte aussi de source officielle que quarante-sept policiers ont été blessés. "Nous mettons en garde les têtes chaudes au sein de l'opposition: le pouvoir a les moyens de rétablir l'ordre (...). Nous serons obligés d'avoir recours à des mesures de la plus grande fermeté si les troubles ne cessent pas d'ici à 18h00 (16h00 GMT)", avaient menacé le ministère de l'Intérieur et les services spéciaux (SBU) dans une déclaration conjointe.
Pressions sur le Parlement
Depuis mardi matin, les protestataires sont rassemblés devant le bâtiment de la Rada (parlement), qui pourrait examiner un projet de loi sur la réforme constitutionnelle. Plus tôt dans la journée, le président du parlement Viktor Rybak a refusé de soumettre le document à l'examen des députés, après quoi l'opposition a bloqué la tribune parlementaire.
Ria Novosti explique que l'opposition ukrainienne cherche à restaurer la Constitution de 2004, adoptée après la Révolution orange et prévoyant un régime parlementaire et un puissant premier ministre.
L'assaut dans la soirée
Dans la soirée, rapporte l’AFP, après l’expiration d’un ultimatum fixé par les autorités ukrainienne pour mettre fin aux violences, les policiers antiémeutes ont lancé l'assaut contre les manifestants. Précédés de trois véhicules blindés équipés de canons à eau, plusieurs centaines de Berkout, les redoutables policiers antiémeutes, ont commencé à progresser vers la place du Maïdan, dépassant plusieurs barricades dressées en vain pour les arrêter.
Equipés de porte-voix, les policiers avaient auparavant demandé aux femmes et aux enfants de quitter les lieux, évoquant le lancement d'une "opération anti-terroriste".
Des policiers équipés de fusils d'assaut Kalachnikov étaient stationnés en seconde ligne.
Les policiers ont utilisé des grenades lacrymogènes et assourdissantes, ainsi que des canons à eau, pour faire reculer les manifestants en première ligne, qui ripostaient à l'aide de pavés et de cocktails Molotov.
Derrière eux, plusieurs milliers de manifestants entonnaient l'hymne national ukrainien.
Auparavant, les principaux responsables de l'opposition avaient mis en garde la foule rassemblée sur le Maïdan, la place de l'Indépendance, haut lieu de la contestation depuis près de trois mois et entourée de barricades.
"Ne tirez pas sur les Ukrainiens", proclamait l'un des orateurs à l'intention des policiers, tandis qu'un des dirigeants de l'opposition, l'ancien champion de boxe Vitali Klitschko, a appelé les femmes et les enfants à évacuer la place.
7 tués dont deux policiers
Les violences ont fait au moins sept morts mardi. Cinq civils ont été tués dans les violences mardi, a annoncé la police de Kiev, qui a ensuite indiqué que deux policiers avaient aussi perdu la vie.
L'opposition avait auparavant annoncé la mort de trois manifestants, "tués par balles". Selon le Parti des régions du président Viktor Ianoukovitch, le corps d'un employé a été retrouvé au siège du mouvement, pris d'assaut et brièvement contrôlé par les contestataires, qui l'ont partiellement incendié à l'aide de cocktails Molotov.