Des centaines d’officiers ont été accusés de complot contre le Parti de la justice et du développement (AKP) au pouvoir.
Le Parlement turc a voté vendredi matin la suppression des juridictions d'exceptions qui ont condamné ces dernières années des centaines d'officiers accusés de complot contre le Parti de la justice et du développement (AKP) au pouvoir, a-t-on indiqué de source parlementaire.
Cette réforme judiciaire proposée par le gouvernement fait partie des efforts du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, fragilisé par un scandale de corruption, pour s'attirer les bonnes grâces des cercles laïques et des militaires, et faire face à ce qu'il considère comme une conspiration contre l'AKP menée par le mouvement Hizmet (service) du prédicateur musulman Fethullah Gülen, son ancien allié.
Selon le texte adopté, les compétences de ces tribunaux spéciaux seront transférées aux tribunaux de droit commun.
Depuis la mi-décembre, M. Erdogan accuse la puissante confrérie de M. Gülen de profiter de ses relais au sein de la police et de la justice turques pour manipuler les enquêtes anticorruption en cours afin de le déstabiliser à la veille des élections municipales du 30 mars et de la présidentielle d'août 2014.
Le Premier ministre a engagé des purges sans précédent dans ces deux institutions.
L'état-major de l'armée turque a récemment introduit des requêtes en révision de deux procès retentissants qui se sont conclus en 2012 et 2013 par la condamnation de centaines de militaires, arguant que les preuves utilisées avaient été "manipulées".
M. Erdogan, qui avait jusque-là multiplié les purges et les procès contre l'armée, un bastion de la laïcité, a opéré un retournement spectaculaire en se déclarant favorable à de nouveaux procès.
La nouvelle loi réduit à cinq ans la durée maximale d'une détention préventive, contre sept ans et demi jusque-là, et limite également les écoutes téléphoniques ordonnées par des magistrats.