Il est naïf d’imaginer que l’envoi de missiles antiaériens portatifs ou de missiles antichars va permettre aux rebelles d’enregistrer plus de succès.
Vu que les rebelles sont divisés, sans soutien populaire et sur la défensive, la guerre peut durer des années avant qu'ils ne parviennent, avec leurs amis occidentaux et leurs bailleurs de fonds régionaux, à dicter les conditions de la reddition au camp adverse.
Cela aurait pu se produire plus rapidement si le gouvernement Assad et l'armée syrienne avaient été privés du soutien de la Russie, de l'Iran et du Hezbollah, ce qui n'est pas le cas, jusqu'à présent.
La lutte pour l'Ukraine entre l'Occident et Moscou est susceptible de rendre les Russes encore plus déterminés à ne pas voir leur statut de grande puissance érodé par une défaite en Syrie.
J'ai passé deux semaines à Damas et Homs, fin janvier et début février, et je suis reparti avec l'impression que le gouvernement est dans une position plus forte, politiquement et militairement, qu'à n'importe quel moment depuis que les combats ont commencé à tourner en sa faveur, en novembre 2012.
Les enclaves de l'opposition à Damas, Homs et la campagne environnante, sont soumises à des blocus et des sièges sévères, à un tel point que certains ont signé des cessez-le-feu ou des trêves locales.
Les enclaves plus grandes, telle que la Ghouta orientale, à l'est de la capitale, où 145000 personnes vivraient encore, selon l'Onu, sont plus capables de se défendre.
Ce qui ne fait pas de doute, c'est que les rebelles n'ont pas réussi à renverser le gouvernement, mais le régime semble incapable de les vaincre. C'est ce qui explique notre deuxième développement important de l'année, qui est la mise à l'écart du prince Bandar, qui, en sa qualité de chef du renseignement saoudien, a été chargé de diriger, équiper et financer les rebelles.
Ce rôle a été repris par le ministre de l'Intérieur, le prince Mohammed ben Nayef, qui a été en charge des actions contre Al-Qaïda à l'intérieur du royaume et est considéré comme l'une des figures les plus pro-américaines dans la famille royale.
Il faut supposer aussi un rôle dans la détermination de la politique saoudienne en Syrie du prince Mitaab ben Abdullah, troisième fils du roi Abdallah et chef de la Garde nationale saoudienne.
Ces nominations ne signifient pas une réduction de l'aide directe saoudienne aux rebelles. Mais c'est le signe d'une politique alignée encore plus étroitement sur celle des États-Unis.
Le prince Bandar s'était ouvertement opposé à la décision du président Obama de ne pas mener une action militaire contre la Syrie, en août dernier.
Pour les États-Unis et les Saoudiens, l'intervention en Syrie pourrait être plus difficile qu'il n'y paraît. Les rebelles sont encore plus divisés et ont perdu beaucoup d'appui populaire.
Cela ne signifie pas que le gouvernement bénéficie d'un soutien de masse, mais, pour de nombreux Syriens, Assad est préférable à une prise de contrôle par les rebelles.
Il est naïf dans ces circonstances d'imaginer que l'envoi de missiles antiaériens portatifs ou de missiles antichars, comme il est prévu, va permettre aux rebelles d'enregistrer plus de succès.
Des journalistes, des agences du renseignement et les rebelles ont tendance à croire que de telles armes feront une grande différence. Ils ont tort.
The Independant + Mediarama