"Une écoute téléphonique met Erdogan au coeur du scandale de corruption". L’opposition réclame la démission d’Erdogan.
Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a jugé mardi que la conversation téléphonique compromettante dans laquelle lui et son fils évoquent un scandale de corruption constituait un "montage indécent" et une "attaque haineuse" contre lui et la Turquie.
"Ce qui est fait constitue une attaque haineuse contre le Premier ministre de la république de Turquie. Personne ne peut s'en tirer de cette manière", a-t-il dit lors de sa harangue hebdomadaire devant les députés de son Parti de la justice et du développement (AKP).
Sans le citer nommément, M. Erdogan a une nouvelle fois vigoureusement accusé le prédicateur musulman Fethullah Gülen, à la tête d'un puissant groupe d'influence, d'avoir orchestré cette attaque en "mettant en scène une pièce (de théâtre) immorale".
"Jamais nous ne cèderons", a-t-il continué sous les ovations énergiques des militants de sa formation, renvoyant ses accusateurs et les critiques aux élections municipales du 30 mars prochain.
"Seul le peuple peut décider de nous renvoyer, et personne d'autre", a-t-il martelé.
Largement diffusée lundi soir sur internet, la conversation en question, dont l'authenticité n'a pas été confirmée de source indépendante, a pour la première fois directement et personnellement mis en cause M. Erdogan.
Jusque-là, seuls des dizaines de ses proches ont été visés dans le cadre d'un scandale politico-financier qui agite la Turquie depuis deux mois.
Dans l'enregistrement daté du 17 décembre, un homme présenté comme le Premier ministre conseille à un autre, décrit comme son fils aîné Bilal -- déjà entendu comme témoin dans le cadre de l'enquête anticorruption--, de se débarrasser d'environ 30 millions d'euros, quelques heures seulement après un coup de filet de la police visant des dizaines de proches du régime.
"Il n'existe aucune allégation à laquelle nous ne pouvons répondre", a dit M. Erdogan, indiquant n'avoir "peur de rien" et promettant de poursuivre en justice les auteurs de ce "montage".
L’opposition réclame la démission d'Erdogan
Entre-temps, l'opposition turque a appelé le Premier Erdogan, à quitter le pouvoir.
"Le gouvernement doit immédiatement démissionner, il a perdu toute légitimité", a lancé Haluk Koç, un vice-président de la principale force d'opposition, le Parti républicain du peuple (CHP), à l'issue d'une réunion urgente dans la nuit de lundi à mardi.
"Le Premier ministre n'a pas un moment à perdre pour démissionner", a insisté M. Koç.
Ce responsable de l'opposition réagissait à la diffusion sur Youtube d'un enregistrement présenté comme des conversations entre M. Erdogan et son fils aîné Bilal.