27-11-2024 06:47 AM Jerusalem Timing

La Russie remplacera le missile ukrainien "Voevoda" par son "Sarmat"

La Russie remplacera le missile ukrainien

Certains missiles balistiques russes sont été fabriqués à l’usine Ioujmach, qui se trouve aujourd’hui sur le territoire ukrainien. Qu’arriverait-il si Ioujmach romprait le contrat pour la maintenance des missiles russes?





Les experts russes de la dissuasion stratégique ont évoqué le 25 février les voies de développement de la triade nucléaire russe, écrit mercredi le quotidien Rossiïskaïa gazeta. Il était notamment question du nouveau complexe Sarmat doté d’un missile intercontinental. Ce projet est développé par une coentreprise industrielle sous l'égide du Centre balistique Makeev. La fin des travaux est prévue pour 2018-2020.

Selon Viktor Essine, ex-commandant de l'état-major des troupes russes de missiles stratégiques (RVSN), le complexe Sarmat remplacera le système RS-20V Voevoda actuellement en service, plus connu en Occident comme "Satan". Les experts affirment qu’il n'aura rien à lui envier et le dépassera même sur certains paramètres. Les ingénieurs conçoivent le nouveau système avec un meilleur rapport charge utile/masse de départ. Et l'énergie élevée du futur missile se reflètera sur son efficacité et permettra de diversifier les moyens de défense antiaérienne, notamment l'échelon spatial de systèmes offensifs.

"Le missile intercontinental lourd à silo permet d'envoyer les ogives vers leurs objectifs selon une trajectoire énergétique optimale avec des azimuts d'approche contraignants, mais aussi d'attaquer à partir de différentes directions, y compris par le Pôle sud", a déclaré le général Vladimir Vassilenko, ex-directeur du 4e Centre national de recherche.

Le complexe Voevoda et le redoutable RS-18 Stylet sont en service depuis longtemps. Leur durée d’utilisation est constamment prolongée mais cela ne peut pas durer éternellement. Hormis le cadre temporel, le facteur géographique se fait également sentir sur le sort des missiles : Voevoda et Stylet ont été fabriqués à l'usine Ioujmach, et cette entreprise se trouve aujourd'hui sur le territoire ukrainien, à Dniepropetrovsk. Le commandement des RVSN doit à chaque fois s'entendre avec ses voisins pour prolonger la vie des missiles. L'apparition d’un missile lourd russe réglerait cette question de dépendance.


Cette question est d'autant plus pertinente après le changement de gouvernement à Kiev. Qu'arriverait-il si Ioujmach fermait ou si sa direction était forcée de rompre le contrat pour la maintenance des missiles russes ? Viktor Essine ne s'attend pas à des conséquences catastrophiques pour les RVSN dans ce cas. "La coentreprise russe chargée de la production de missiles à combustible liquide est capable d’assurer la maintenance des RS-20. En effet, des difficultés surviendraient car la documentation se trouve en Ukraine, mais cette tâche est surmontable", estime le général.

Les experts ont également mentionné l'Ukraine en évoquant les systèmes de lancement de missiles de combat installés sur une plateforme ferroviaire. Les travaux de recherche sont également en cours en Russie sur ce projet mais on ignore s’ils aboutiront. Viktor Essine a déclaré que la Russie ne disposait pas de base technique pour ces systèmes car à l'époque soviétique ces complexes étaient fabriqués en Ukraine. D'autant que toute l'infrastructure pour leur exploitation a été perdue et sa mise en place nécessite des fonds conséquents. Enfin, des problèmes pourraient survenir avec la direction ferroviaire qui, selon le général, demandera un prix trop élevé au ministère de la Défense. Néanmoins, il ne faut pas tirer de croix sur ce projet. D'autant qu'il pourrait s'avérer très utile en cas de réalisation des plans américains de défense antimissile en Europe.