Les Etats-Unis ne cessent de reporter la livraison des armes à l’armée irakienne qui en a besoin dans sa lutte contre le terrorisme d’Al-Qaïda
L’Irak a-t-il acheté des armes iraniennes ? « That is the question » qui préoccupe les milieux américains. Jusqu’à présent aussi bien le gouvernement irakien qu’iranien nient cette information.
C’est l’agence Reuters qui l’a évoquée mardi, détaillant que le gouvernement irakien a signé un contrat d’armements avec la République islamique d’Iran pour le montant de 195 millions de dollars.
Ce contrat aurait été signé fin novembre dernier, quelques semaines après la visite du Premier ministre irakien Nouri al-Maliki à Washington pour convaincre Barak Obama de livrer à Bagdad des armements dont les Irakiens ont besoin pour lutter efficacement contre les groupes terroristes d’Al-Qaïda.
Il s’agirait d’un premier contrat d’armements entre l’Iran et l’Irak, et témoigne du rapprochement accru des positions de Téhéran et Bagdad depuis deux ans, c’est-à-dire après le retrait des militaires américains.
Dans les détails, l’agence indique que six contrats ont été conclus avec l’Organisation iranienne de l’industrie de défense et deux autres signés avec l’Organisation des industries électroniques iraniennes. Mais aucun calendrier n’a été établi pour la livraison des armes et des équipements.
USA : stratégie des atermoiements
Plusieurs accords militaires ont été conclus avec les Américains, mais ces derniers reportent sans cesse leur livraison. C’est ainsi que des députés irakiens expliquent cette démarche, si elle a réellement eu lieu.
À Washington, certains milieux proches de la Maison Blanche avancent la crainte de cette promiscuité, sans expliquer les raisons pour lesquelles ils concluent des accords qu’ils ne veulent pas exécuter.
Des observateurs croient deviner que l’objectif des Américains en est de détourner les Irakiens d’aller les acheter ailleurs.
À la foi d’un responsable américain, l’agence rapporte que le contrat d’armements, s’il est confirmé, constitue une violation de la résolution 1747 du Conseil de sécurité de l’ONU. Il pourrait rendre encore plus compliquées les relations entre les Etats-Unis et la République islamique d’Iran au sujet du programme nucléaire iranien, ajoute-t-il.
Les Etats-Unis n’apprécient guère l’amélioration des relations entre l’Irak et son voisin iranien, indique Reuters. A présent, l’Iran vend du gaz naturel et de l’électricité à l’Irak, et depuis janvier, Téhéran a proposé des coopérations en matière de la défense au gouvernement de Bagdad.
Irak : ambiguïté et démenti
Côté irakien, ambigüité et démenti vont de pair.
Le porte-parole du Premier ministre irakien Ali Moussaoui n’a ni confirmé ni démenti la nouvelle, alors que le ministère de la défense l’a nié en bloc.
« Nous sommes en guerre contre le terrorisme, et nous sommes déterminés à vaincre les terroristes. Rien ne peut nous empêcher d’acheter des armements dont nous avons besoin, car c’est la seule voie que nous avons pour affronter le terrorisme», a déclaré Moussaoui.
« Une société iranienne avait participé à l’appel d’offres émis par le ministère pour s’acheter des armes légères et un équipement de vision nocturne pour subvenir aux besoins de certaines unités. Et auquel les sociétés de plusieurs pays, dont la Bulgarie, la Tchèque, la Pologne, la Serbie, la chine, l’Ukraine, le Pakistan et autre», précise en revanche le ministère irakien de la défense dans un communiqué.
Et d’assurer que l’Iran n’a pas emporté le contrat.
Bien que la quantité des armes que l’Irak à l’Iran aurait achetée est infime comparée aux achats d’armements russes et américains, mais les observateurs s’accordent à dire que cette transaction, si elle a lieu constitue une importance politique considérable.
Elle est porteuse d’un message de la part des dirigeants irakiens que les reports successifs des livraisons d’armes et d’équipements militaires à leur armée ne resteront pas sans réaction.
Bien entendu, les Américains ne devraient pas rester les mains croisées.