Ce système de contrôle universel s’appele Citadelle et pourrait devenir l’analogue du système américain Aegis.
La marine russe disposera prochainement du système de contrôle numérique Citadelle, qui s’adapte à toutes les classes de navires. Selon l'idée des militaires, ce système permettra de réduire les équipages de moitié et d'étendre les capacités offensives de la flotte. Les experts constatent un retard significatif de la Russie sur les Etats-Unis en matière de système de contrôle naval, écrit mercredi 26 février le quotidien Izvestia.
La création d'un nouveau système intégré est dans les projets de développement de la marine. D'après le cahier des charges, Citadelle sera une modernisation du système existant Trebovanie-M, conçu en 2009 par la compagnie pétersbourgeoise Meridian. Sa dernière version était installée sur les frégates russes vendues à l'Inde.
"Les navires de surface exportés en Inde sont dotés d'éléments du système de contrôle intégré dont la version modernisée ne suffit plus. Il est nécessaire de régler le problème principal, à savoir la mise en place d'une interaction entre tous les systèmes de navire (d'information, de combat et de logistique). Les résultats augmenteront l'efficacité de l'utilisation des armements des navires, leurs résistance, et réduiront l'équipage", indiquent les documents du nouveau projet.
Le vice-amiral à la retraite Vladimir Zakharov a expliqué que le développement des systèmes de contrôle avait déjà permis de réduire l'équipage des navires de combat. Il a souligné que Citadelle deviendrait une suite logique de la tendance vers la robotisation du matériel militaire.
"L'intégration de sous-systèmes réduit de plus en plus le nombre de postes occupés par des humains. Par exemple, l'équipage des premiers sous-marins nucléaires était de l'ordre de 120 personnes, alors qu'on ne compte plus que 40 hommes sur les derniers sous-marins construits", dit-il.
Il sera par contre impossible d'automatiser la navigation. Même en cas de succès du développement et de l'intégration du système Citadelle, selon Vladimir Zakharov, l'équipage des navires de premier rang ne pourra pas être inférieur à 30 hommes.
"En haute mer seuls l'officier de navigation et l'officier chef de quart travaillent, l'électronique se charge du reste. Mais un navire ne peut pas être entretenu avec un équipage inférieur à 20-30 hommes – et cette maintenance est nécessaire. Une machine ne peut pas non plus porter les amarres. Enfin, un capitaine est indispensable, un robot ne peut pas lui-même mener le navire à l'endroit nécessaire", estime Vladimir Zakharov.
Alexandre Mozgovoï, rédacteur au magazine Défense nationale, souligne que Citadelle pourrait devenir l’analogue du système américain Aegis. Développé depuis 1973, des moyens considérables ont été dépensés : l'installation de ce système sur un navire américain est estimée à 12 millions de dollars.
"Malheureusement, la Russie ne dispose pour l'instant de rien qui se rapprocherait du système Aegis. Il est utilisé par les navires japonais, coréens, norvégiens, australiens, et la Chine conçoit un système similaire", a déclaré l'expert.
L'expert explique que l'équipage des frégates russes du projet 20350 comptait 200 hommes. L'intégration du nouveau système permettrait de réduire ce nombre de moitié, a fait remarquer l'expert.
L'équipage des navires américains de même classe dotés du système Aegis est de 250 personnes. Mais la comparaison est incorrecte dans ce cas car le travail des équipages de la flotte américaine est organisé différemment.
"Les Américains ne font pas d'économies sur l'équipage", précise-t-il.
Les premiers résultats du travail sur le système Citadelle apparaîtront d'ici la fin de l'année, le prestataire du projet n'est pas encore connu. Le ministère de la Défense serait prêt à dépenser 15 millions de roubles (près de 330 000 euros) pour ce projet. Le ministère n'a fait aucun commentaire sur le projet Citadelle.