"Nous avons opéré un changement important dans notre politique. Désormais, nous allons réagir à chaque acte de terrorisme perpétré dans le pays."
Après des années de lutte contre des groupes islamistes armés, le Pakistan a dévoilé mercredi la première politique antiterroriste de son histoire qui promet des opérations ciblées en représailles à chaque attentat perpétré par les rebelles.
Le ministre de l'Intérieur, Chaudhry Nisar, a présenté sa "politique sur la sécurité nationale" devant le parlement au lendemain de son approbation par le conseil des ministres, mettant ainsi fin à des années d'attente pour un programme unifié de lutte antiterroriste.
La publication de ce programme d'une centaine de pages intervient une semaine après la suspension des pourparlers de paix entre le gouvernement et le Tehreek-e-Taliban Pakistan (TTP), un regroupement de factions islamistes armées en lutte contre le pouvoir local depuis 2007.
Le gouvernement avait suspendu le dialogue juste après l'exécution de 23 paramilitaires par une faction du TTP. Depuis, l'aviation pakistanaise a multiplié les raids contre les bastions rebelles dans le nord-ouest du pays, tuant une centaine de talibans présumés, d'après des sources militaires.
Ces représailles semblent être un avant-goût de la nouvelle stratégie du pays, régulièrement accusé de ne pas sévir contre des groupuscules armés opérant sur son territoire.
"Nous avons opéré un changement important dans notre politique. Désormais, nous allons réagir à chaque acte de terrorisme perpétré dans le pays par une attaque contre les quartiers généraux de ces insurgés, près de la frontière afghane", a déclaré M. Nisar au parlement.
"C'est d'ailleurs en vertu de cette nouvelle politique que nous avons mené (au cours des derniers jours) ces frappes ciblées dans les zones tribales", bastions rebelles, à la lisière de l'Afghanistan, a-t-il ajouté, précisant que les pourparlers de paix avec les insurgés "pourraient reprendre sous peu".
"Des négociations et des frappes ciblées vont de pair", a-t-il soutenu, les autorités tentant justement d'imposer sur le terrain un rapport de force qui leur soit favorable lors des discussions avec les insurgés.
L'Autorité nationale du contre-terrorisme sera désormais l'agence supervisant l'ensemble des rapports sur les questions de menaces de l'intérieur, a ajouté le ministre.
"Nous mettons sur pied une force de frappe rapide, équipée d'hélicoptères et des plus récentes technologies pour mener nos opérations antiterroristes", a affirmé M. Nisar.
Mais la mise en oeuvre de cette nouvelle stratégie ambitieuse "reste une question ouverte", a commenté mercredi Hasan Askari, analyste politique spécialisé sur les questions sécuritaires.
"C'est un programme complet, mais le gouvernement a-t-il les capacités financières, administratives et politiques pour le concrétiser?", a-t-il demandé.