Tout ce qu’il y a dans la nouvelle déposition de Abbas est dangereux..
Jour après jour, des détails supplémentaires apparaissent dans les aveux de Naïm Abbas. Beaucoup d’informations recueillies par les enquêteurs des services de renseignements de l’armée sont jugées «très importantes». Abbas était le sous-traitant des opérations du Front al-Nosra et de Daech à Beyrouth.
Il est totalement ou partiellement responsable de la plupart des attaques terroristes contre la banlieue sud, à commencer par les tirs de roquettes surChiyah, au milieu de l’année 2013, en passant par l’attentat de Bir al-Abed et les deuxattaques suicide de Haret Hreik.
Dans ses aveux, Naïm Abbas reconnait qu’il était en contact avec le dénommé Abou Khaled al-Souri, le compagnon de route d’Oussama Ben laden et de Abdallah Azzam et le représentant d’Ayman al-Zawahiri en Syrie, chargé de l’arbitrage entre al-Nosra et Daech.
Abou Khaled, qui est aussi l’un des fondateurs de «Harakat Ahrar al-Cham», a été assassiné il y a trois jours à Alep.
Tout ce qu’il y a dans la déposition de Abbas est dangereux: les opérations qu’il a menées et celles qui n’ont pas réussi, le nom de l’un de ceux qui lui fournissait l’argent en provenance de Daech, cheikh Omar Jouaniyé, membre de l’Association al-Takwa à Beyrouth, qui lui a un jour remis 20000 dollars.
En marge de ces aveux, il existe d’autres informations, non moins importantes, fournies par deux candidats kamikazes appréhendés par l’armée dans le sillage de l’arrestation de Abbas.
Il s’agit de Bakr Mohammad al-Mahmoud (né en 1996 à Wadi Khaled) et Omar Moumtaz Khodr (né en 1991 à Berqayel).
Le premier a été arrêté dans la Békaa et a reconnu qu’il avait accepté de commettre un attentat suicide préparé par Naïm Abbas pour le compte de Daech. Il a nommé dans son interrogatoire cheikh Imad Malis, qui l’a recruté pour aller combattre en Syrie et pour mener une attaque suicide contre les «rawafed» (le nom donné aux chiites par les extrémistes sunnites, ndlr). Le second a été arrêté alors qu’il revenait de Syrie pour aller rencontrer cheikh Houssam Sabbagh, au Liban-Nord, pour lui remettre une somme d’argent à
être utilisée dans la préparation de voitures piégées.
Sabbagh est l’un des plus éminents dignitaires religieux de Tripoli et a un ascendant sur la plupart des hommes armés de la ville, et entretient des relations étroites avec les chefs des groupes armées au Nord et en Syrie, ainsi qu’avec l’ancien chef du Rassemblement des ulémas musulmans, Salem al-Raféï.
Certains milieux sécuritaires disposent d’informations selon lesquelles il serait l’un des représentants d’Al-Qaïda au Liban et serait membre du Conseil de la choura, chargé en 2006 de préparer le terrain pour l’implantation de l’organisation au Liban et le recrutement de combattants pour les envoyer en Irak.
Sabbagh est aujourd’hui un homme libre. Il participe, de temps à autre, à des réunions avec des responsables sécuritaires et des officiels à Tripoli.
En bref, il est l’une des «lignes rouges» que l’Etat libanais n’ose pas toucher. Il l’est toujours bien que son nom ait apparu dans la déposition d’un kamikaze qui préparait des attentats à l’explosif au Liban.