Vers une formulation de compromis préservant le droit du Liban à résister.
Les tiraillements se poursuivent au sein de la commission chargée de la rédaction de la déclaration ministérielle au sujet de la question de la Résistance.
Si certains journaux font état d’un possible accord sur une formule de compromis, proposée par le chef du Parti socialiste progressiste (PSP), Walid Joumblatt, d’autres affirment que le fossé demeure profond.
Les visiteurs du président du Parlement ont rapporté que Nabih Berry a insisté sur le maintien de la formule armée-peuple-résistance si la Déclaration de Baabda devait être citée explicitement dans le texte. M. Berry a demandé à son représentant au sein de la commission, le ministre des Finances Ali Hassan Khalil, d’informer les membres du comité de rédaction de sa position.
Il a proposé, comme solution médiane, que la déclaration de Baabda ne soit pas mentionnée directement mais que le gouvernement s’engage à œuvrer selon «son esprit».
En contrepartie, la formule armée-peuple-résistance serait abandonnée au profit de la réaffirmation du droit du Liban à résister à l’occupation israélienne par tous les moyens autorisés par les lois et les chartes internationales.
M. Joumblatt a d’ailleurs mis l’accent sur ce droit, surtout que le Liban reste un pays occupé par « Israël », a-t-il rappelé mercredi.
Les milieux politiques et médiatiques sont partagés sur l’interprétation à donner au blocage survenu au sein de la commission.
Certains affirment que les raisons sont strictement locales, alors que d’autres privilégient les facteurs externes. Les tenants de cette seconde hypothèse établissent un lien entre l’insistance du président Michel Sleiman à faire figurer la déclaration de Baabda dans le programme du gouvernement et sa rencontre avec l’émissaire du président François Hollande, Emmanuel Bonne,
venu officiellement s’informer des demandes que le Liban souhaite soumettre lors de la rencontre du Groupe de soutien international, le 5 mars à Paris.
Dans ce cadre, le quotidien As Safir a publié, mercredi, un long article intitulé «Le projet de la déclaration ministérielle internationale: engagement au respect de la déclaration de Baabda et tenue des élections présidentielle et législatives».
Selon le journal, le président Sleiman a été le premier à saisir les souhaits de «la communauté internationale», en insistant pour que la déclaration de Baabda soit intégrée explicitement dans la déclaration ministérielle, et en faisant pression pour que le gouvernement puisse obtenir la confiance avec le 5 mars prochain.
Mohammad Ballout, correspondant d’As Safir à Paris, écrit que les Français, en coordination avec les Nations unies, leurs alliés européens et la présidence de la
République libanaise, ont préparé un projet de déclaration qui sera publié à l’issue de la réunion de Paris, et qui mettra l’accent sur les points suivants: L’engagement des Nations unies au maintien de la stabilité du Liban; l’accueil favorable à la formation d’un nouveau gouvernement rassembleur au Liban; la tenue de l’élection présidentielle et du scrutin législatives aux dates prévues; l’engagement de tous les partis politique libanais au respect de la déclaration de Baabda et à la politique de distanciation.
A la lumière de ces développements, la commission de rédaction de la déclaration ministérielle doit tenir une nouvelle réunion vendredi. D’ici là, les différents protagonistes vont intensifier leurs concertations pour tenter d’aplanir les obstacles. Des milieux politiques bien informés s’attendent à ce que la rédaction du texte soit achevée au plus tard lundi, car le climat consensuel qui a permis de former le gouvernement rassembleur devrait se refléter sur la déclaration ministérielle.
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