Un expert militaire explique les nouvelles tectiques militaires de l’armée syrienne. À Alep une guerre "jihadiste civile" se prépare.
Pour la deuxième fois en mois de 48 heures, pas moins de 20 miliciens ont été tuées dans une embuscade près de Damas, également aux confins de la Ghouta orientale, dont d’importantes superficies se trouvent sous le contrôle des rebelles.
Les miliciens tentaient de s’infiltrer en dehors de la Ghouta sur une voie qui la relie au Qalamoune.
Ils ont été abattus de la même manière que les 175 miliciens décimés le mercredi dernier à proximité de Oteiba.
Alors qu’ils avançaient dans une longue queue sur un chemin une série d’engins ont explosé simultanément. (Voir les trois photos-captures).
Selon un expert militaire libanais Hassan al-Assan, interrogé par al-Alam, l'armée syrienne depuis un certain moment effectue ses opération en suivant une double tactique: celle des poches de feu, (qui encercle les miliciens jusqu'à ce qu'ils ne puissent que sortir à travers une seule issue) assortie a celle des embuscades intelligemment dressées.
Pour sa part, le correspondant d'al-Alam en Syrie, l'embiscade d'Oteibi a provoqué l'effondrement des miliciens de la Ghouta et qui se sont accusés mutuellement de trahison, comme de coutume dans des fiascos pareils. Ils ont surtout été étonnés que le chemin qu'ils voulaient emprunter ait été dévoilé et planté d'engins explosifs.
Capitualtion et Réconcliation
A Damas, quelques 300 miliciens qui combattaient dans la localite de Madaya, située dans la région de Zabadané, au nord-ouest de la capitale se sont rassemblés pour se rendre à l’armée régulière, dans le cadre du processus de réconciliation en cours dans plusieurs régions de Damas.
Selon le correspondant de la télévision iranienne arabophone al-Alam, cette réconciliation est la plus importante de toutes en raison de la position stratégique de cette localité très proche de la frontière libano-syrienne.
Dans le Qalamoune, les forces gouvernementales en collaboration avec les éléments de la Défense populaire continuent de serrer l’étau autour de sa ville Yabroud, le bastion des miliciens. 9 véhicules transportant des munitions et des armements ont été bombardés dans ses environs.
Une grande guerre interne entre miliciens se prépare
S'agissant le conflit fratricide que se livrent les miliciens qui combattent en Syrie, « une vraie guerre interne jihadiste » est sur le point d’éclater, assure le correspondant du journal al-Akhbar en Syrie.
Elle affronte la milice désavouée d’Al-Qaïda l’Etat Islamique en Irak et au Levant d’une part, et sa sœur ennemie, le Front al-Nosra laquelle dispose du soutien du numéro un d’Al-Qaïda, aux côtés de la milice pro saoudienne, Front Islamique (FI) constituée de la coalition de plusieurs milices syriennes importantes, dont les Ahrar al-Cham et autre, sans oublier la milice de Jaïch al-Islam.
Selon al-Akhbar, les deux antagonistes sont en train de réajuster leurs positions sur le terrain en préparation à l’heure zéro. Le FI et al-Nosra ont formé une cellule d’opérations commune et décrété zones militaires toutes les régions contrôlées par l’EIIL.
« Nos combattants sont tout à fait prêts. Nous n’allons pas déclencher la bataille. Espérons que ceux qui ont perdu conscience se repentiront pour épargner l’effusion de sang », a dit une source tchétchène proche de l’EIIL pour al-Akhbar, assurant que tous ceux agresseront l’Etat (EIIL) essuiera des coups durs sur tous les fronts.
L’EIIL n’a pas encore répondu à l’ultimatum de 5 jours que lui a fixé le chef du Front al-Nosra Abou Mohammad Joulani pour accepter la médiation d’une instance religieuse ou se rendre, faute de quoi il sera combattu en Irak aussi. La réplique de son porte-parole Abou Mohammad al-Adnani se fait toujours attendre. Selon l’AFP, citant l’expert des mouvements salafistes et jihadistes, Romain Caillet, al-Adnani fait figure de dur parmi les durs de l'EIIL, ce qui laisse peu de chances à un accord.
Concernant le déploiement de cette milice sur le terrain, le journal libanais indique que la plupart de ses positions et à Alep et sa province sont en pleine mobilisation.
Alors que l’AFP indique que l’EIIL a choisi ce vendredi de se replier sur ses places fortes et s'est retiré d'au moins cinq localités de la province d'Alep dans le nord du pays, où il sait qu'il aura du mal à se défendre en cas d'offensive. Ses combattants se sont retranchés tout près de la province de Raqa, son bastion, selon la version de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme, rapporté par l’AFP.
"L'EIIL s'est retiré d'Azaz, son plus important bastion dans la province d'Alep, de l'aéroport militaire de Mennegh (pris par les rebelles en août 2013, ndlr), de la localité de Mayer et des villages de Deir Jamal et Kafine", dans cette même province, a indiqué l’OSDH.
"La région d'Alep, c'est leur maillon faible, donc ils craignent d'y être attaqués", a expliqué à l'AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l'OSDH.
"L'EIIL s'est dirigé plus vers l'est, vers des localités limitrophes de la province de Raqa, où se trouve son principal bastion", a-t-il indiqué. L'EIIL y est en position de force car il est allié avec la plus grande tribu de la province, ajoute l’AFP. D'après l'OSDH, les combattants se sont retranchés notamment dans les localités de Jarablos et de Menbej, à l'extrémité est de la province d'Alep et proches de la province de Raqqa.
Pour Charles Lister, expert des mouvements islamistes syriens, "il semble que l'EIIL a pris la décision stratégique de renforcer ses positions à l'est d'Alep et sur toutes les routes menant au joyau de sa couronne, la ville de Raqqa".
"Abandonner les places où il est faible et renforcer ses points forts semblent être la seule stratégie qui reste à l'EIIL à ce stade", a ajouté ce chercheur associé au Brookings Doha Centre.
Du côté des autres miliciens, une source proche du FI pro saoudien à Alep a assuré pour al-Akhbar qu’il n’y a pas de place pour ces « outranciers » indiquant que les opérations contre eux n’ont jamais été interrompues et que deux voitures de l’EIIL ont été détruites sur la route Azzaz-Deir Jamal, tuant et blessant tous ceux qui étaient à son bord.
Terrain
A Idleb, une voiture piégée a explosé dans la localité de Sanjar, à l’est de Maarrat al-Noemane, à proximité du marché des tissus, tuant 14 civils et en blessant 26 autres. Alors qu’aucune partie n’a revendiqué l’attaque, des activistes de l’opposition l’ont imputée à l’EIIL.
A Homs, un obus s’est abattu sur la localite de Akrama, tuent et blessant 18 personnes.
Dans le gouvernorat de Hassaké, une voiture piégée a explosé a proximité du barrage des Unités de protections du peuple kurde, et des combats s’en sont suivis entre ces dernières et l’EIIL.
Dans ce gouvernorat, la milice d’Al-Qaïda a détruit les mausolées de deux religieux sophistes éminents, Ahmad et Ezzeddine al-Khaznaoui, a proximité du village al-Baraka. Un massacre y a aussi été perpétré fauchant la vie de 20 de ses habitants.
A noter que parmi les écoles islamiques, c’est l’école wahhabite qui affiche le plus de hargne à la question du culte des mausolées, la taxant d’hérésie et de polythéisme, et incitant à leur destruction.