Le discours du président Michel Sleiman contre le Hezbollah éloigne tout accord sur la déclaration ministérielle.
Les propos surprenant du président de la République contre la Résistance, qu’il a qualifié d’«équations en langue de bois», et sa proposition d’une nouvelle formule «en or», formée de la «terre, du peuple et des valeurs communes», pour remplacer le triptyque armée-peuple-résistance, a ramené à la case départ les débats au sein de la commission de rédaction de la déclaration ministérielle.
Estimant que le chef de l’Etat remet en question une constante nationale, qui a permis de libérer le Liban de l’occupation israélienne au prix de milliers de morts, le Hezbollah est sortit de sa réserve habituelle.
Dans un communiqué publié samedi, il s’est inquiété de l’état dans lequel se trouve le palais présidentiel de Baabda, dont «le locataire n'est plus en mesure de distinguer entre l'or et le bois».
Cet échange acerbe a jeté son ombre sur le climat politique du pays et à réveillé toutes les tensions, qui avaient baissé après la formation du gouvernement de partenariat.
Le 14-Mars a naturellement apporté un soutien total au président Sleiman, qui a pratiquement repris le même discours politique que cette coalition.
Le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, a estimé que le chef de l’Etat «s’est exprimé au nom de tous lesLibanais».
Des députés du Courant du futur, notamment Khaled Daher et Mohammad Kabbara, ont également appuyé le président Sleiman, aux côtés d’un grand nombre de personnalités de cette mouvance.
En revanche, le 8-Mars accuse le président de la République d’avoir clairement pris le parti du 14-Mars et d’exécuter un agenda régional et international qui consiste à isoler la Résistance libanaise.
Des hommes politiques et des journalistes proches du 8-Mars établissent un lien direct entre les propos de M. Sleiman contre la Résistance et la rencontre du Groupe de soutien international pour le Liban à Paris, le 5 mars.
Cette tension s’est forcément reflétée sur les travaux de la commission de rédaction de la Déclaration ministérielle.
Le ministre de la Santé, Waël Abou Faour, s'est dit pessimiste quant àla possibilité d'un accord sur la déclaration ministérielle. «Toutes les parties doivent faire des concessions afin de parvenir à un accord», a déclaré M. Abou Faour au quotidien An Nahar, indiquant que les discussions butaient sur les armes de la Résistance.
«Ce gouvernement peut au moins calmer les disputes politiques, renforcer la sécurité et redynamiser l'économie», a-t-il ajouté.
Autant que le Hezbollah, le président du Parlement, Nabih Berry, a exprimé son attachement à la mention de la Résistance dans le programme du gouvernement.
Cités par le quotidien Al Akhbar, les milieux du chef du législatif assurent que le gouvernement n’obtiendra pas la confiance du Parlement si la Résistance ne figure pas dans son programme.
Certaines sources établissent un lien entre les propos du président Sleiman et le refus du 8-Mars d’envisager la prorogation de son mandat. «C’est comme si Michel Sleiman se vengeait de la fin de non recevoir apportée par le Hezbollah et le Mouvement Amal, qui ne veulent pas entendre parler d’une rallonge de son mandat, affirment des sources proches du 8-Mars.
Car ses propos contre la Résistance sont très surprenants, venus d’un homme qui déclarait, il n’y a pas très longtemps à Téhéran, « qu’il protègerait la Résistance avec la prunelle de ses yeux ».
Dans ce contexte crispé, il est peu probable que la huitième réunion de la commission de la déclaration ministérielle, prévue ce lundi à partir de 18h30, puisse donner des résultats positifs.
D’autant que selon le quotidien An Nahar, les représentants du Mouvement Amal et du Hezbollah, respectivement les ministres Ali Hassan Khalil et Mohammad Fneich, vont faire preuve d’une grande fermeté et insisteront pour que le terme résistance soit mentionné explicitement dans le texte, quelles que soient les conséquences.
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