Le confectionneur des voitures piégées tué à Yabroud. La milice pro saoudienne Front Islamique perd un de ses chefs de milices et plus de 50 de ses miliciens.
La télévision officielle saoudienne a diffusé pour la première fois mercredi soir les "aveux" d'un milicien takfiri qui se dit repenti, rentré de Syrie.
"La situation en Syrie n'est pas comme le dépeignent les médias. Il n'y a pas de jihad (guerre sainte)", a déclaré Sleïmane Saoud Al-Soubaihi, 25 ans, qui combattait dans les rangs de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), le groupe appartenant à l’origine d’Al-Qaïda mais a été désavoué par son chef Ayman al-Zawahiri.
Le jeune homme, connu sous le pseudonyme "le sympathique" a indiqué avoir décidé de rejoindre la rébellion après avoir été bouleversé par la mort en Syrie de son frère, un milicien, et vu "les images des enfants syriens tués".
"Criminel", frère du "Sympathique"
Son frère, Abdel-Aziz était l’un des terroristes saoudiens les plus dangereux en Syrie. Connu sous le sobriquet « l’Abatteur » ou « le Criminel », il combattait dans les rangs de la milice d’Al-Qaïda, le front al-Nosra.
Il disposait d’un compte Twitter, suivi par des dizaines de milliers de Saoudiens et à travers lequel il les incitait à venir en Syrie. Il a été tué à Jobar, dans la Ghouta orientale, en juillet 2013.
Des Saoudiens qui tuent des saoudiens
"Le plus étonnant, c'est que des Saoudiens tuent des Saoudiens dans les combats entre l'EIIL et al-Nosra. Ils s'entretuent au lieu de combattre les forces du régime", poursuit Sleïmane.
Les combats entre d'une part la branche officielle d'Al-Qaïda, le Front al-Nosra, et les autres groupes rebelles, dont le Front Islamique, soutenue par l’Arabie saoudite, et d'autre part l'EIIL ont causé la mort de 3.300 personnes depuis début janvier, selon une ONG syrienne.
Le repenti affirme avoir décidé de quitter le groupe après avoir réalisé que son compte Twitter (bien suivi en Arabie) était utilisé à son insu pour diffuser des "messages d'incitation" à la violence contre les dirigeants saoudiens. Il a indiqué avoir fui en Turquie puis regagné l'Arabie saoudite où il est actuellement détenu.
Selon le site Arab-Press, il a révélé que la plupart des dirigeants de l’EIIL sont des Syriens et des Irakiens, tandis que la plupart de leurs miliciens sont des Tunisiens.
Quant aux saoudiens là-bas, il s’est dit étonné qu’ils soient dans leur majeure partie de bas âge, s’étonnant comment ils ont pu sortir du royaume. « La plupart d’entre eux n’étaient pas du tout intéressés par ce qui se passait en Syrie », a ajouté Soubaihi.
Le nombre de Saoudiens combattant dans les rangs des miliciens takfiris en Syrie n'est pas connu, certaines sources assurent qu’il est de l’ordre de 12.000, et d’autres de plusieurs centaines.
Virement de la politique saoudienne ?
Au début de la crise syrienne, les autorités saoudiennes ont encouragé le départ des jeunes saoudiens en Syrie et ont même libéré des prisonniers en échange de leur départ pour la Syrie.
A plusieurs occasions, le chef de la diplomatie saoudienne l’émir Saoud al-Fayçal a défendu dans les instances internationales la cause de ceux qui veulent se rendre dans ce pays pour combattre les forces régulières.
Les autorités saoudiennes ont également permis à de nombreux prédicateurs wahhabites saoudiens (dont cheikh Mohammad al-Arrifi) ou arabes (dont le syrien cheikh Arrour) de passer sur des chaines de télévision religieuses saoudiennes pour faire l’apologie du « jihad » en Syrie.
Cette politique saoudienne a connu in virement, (dans les apparences au moins), à partir du mois février dernier. Date à laquelle les autorités ont annoncé que tout Saoudien participant à des combats à l'étranger et faisant partie de "groupes terroristes" serait passible de peines allant de trois à 20 ans de prison.
Sceptique, le représentant de la Syrie aux Nations Unies Bachar Jaafari a ironisé cette décision: « L’Arabie saoudite veut sanctionner ceux qui reviennent et non ceux qui se rendent en Syrie »
Selon l’AFP, l'implication de Saoudiens dans les milices en Syrie « fait craindre à Ryad la répétition, à leur retour, des attaques meurtrières menées entre 2003 et 2006 par Al-Qaïda dans le royaume ».
Le confectionneur des voitures piégées abattu
Sur le terrain, le terroriste libanais Hassam Ammoun, impliqué dans la confection des voitures piégées qui ont explosé dans plusieurs régions libanaise, dont la banlieue-sud a été tué dimanche dernier.
Originaire de la localité libanaise de Ersale, il était recherché par les forces de sécurité libanaises pour avoir livré la voiture piégée, une kia sportage, à Joumana Hmayyed, et qui a été interceptée le mois passé au barrage militaire de Labwé.
Sa mort a été confirmée par le maire de la localité de Ersale, Ali Hujeiri. Il a péri ainsi que 5 Syriens dans les environs de la localité de Yabroud, fief des miliciens dans la Qalamoune, durant les affrontements contre une unité de l’armée syrienne.
Yabroud sous les feux: la fin de Cobra
Justement à Yabroud, la bataille bat son plein. Dans l'après-midi de ce jeudi, les informations faisaient état d'une avancée importante de l'armée syrienne en direction de Yabroud, via les fermes Rima. des dizaines de miliciens ont pris la fuite.
Auparavant, cette localité ainsi que la région qui la relie à la localité libanaise de Ersale avait fait l’objet de plusieurs raids aériens. Ces derniers jours l’armée syrienne est parvenue à s’emparer de nouvelles hauteurs qui la surplombent : dont dernièrement les collines al-koweit et al-Qatri.
Mercredi, les forces gouvernementales ont abattu l’un des plus importants chefs de la milice pro saoudienne Front Islamique dans cette localité, Mohammad abdel-Hakim, surnommé Cobra pour ses performances dans l’utilisation de ce genre de roquettes.
Originaire de la localité d’al-Qousseir, dans le gouvernorat de Homs, et commandant de la Brigade Thaer Bouzane, il a péri dans un bombardement de l’artillerie syrienne contre sa position.
Ghouta : Nouvelle embuscade
Le Front islamique a également essuyé de pertes importantes dans la Ghouta orientale, à l’est de Damas. Un convoi de ses miliciens est tombé dans une embuscade non loin de la région Outayba où plus de 175 d’entre eux avaient été abattus la semaine passée.
Selon le site d’information syrien al-Hadath News, les miliciens, des membres de la milice pro saoudienne Front Islamique, escortés de plusieurs véhicules équipés de mitrailleuses se rendaient à partir de Nouchaybiyyé, vers la région de Outaybé, et semblaient vouloir se rendre vers la frontière avec la Jordanie. Toutes les voitures ont été détruites et près de 50 rebelles ont péri, selon une première estimation.
Ailleurs
Dans la ville de Hama, au centre du pays, 4 personnes selon la télévision officielle et cinq selon l’OSDH ont été tuées et 20 blessées dans l'explosion d'un camion piégé près d'un QG du renseignement militaire à l'entrée sud de la ville.
Et dans la province de Raqqa (nord), deux kamikazes de la milice désavouée par Al-Qaïda l’EIIL ont détoné les explosifs qu'ils transportaient dans une base de l'armée assiégée. Des combats s'en sont suivis faisant plusieurs morts parmi les soldats, indique l’OSDH.
Dans la province d'Idleb (nord-ouest), des combats faisaient rage autour de la ville de Morek sur la route stratégique menant à la province de Hama (centre), dont l'armée a besoin pour assurer le ravitaillement de ses troupes, a poursuivi l'OSDH.
L'armée veut reprendre Morak et sécuriser la route mais les rebelles ont lancé des attaques et chassé les soldats de points de contrôle sur cette route, cibles de raids de représailles de l'armée, selon la même source.