Le point sur la situation politique du Premier ministre Erdogan..
Est-ce que le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a pris sa décision définitive de ne plus se présenter comme candidat présidentiel et de poursuivre sa carrière politique en tant que Premier ministre et président du Parti Justice et Développement ?
Une question qui s’est imposée ces derniers temps, suite à une série de positions exprimées par Erdogan lors d'une réunion avec des médias locaux .
Des positions qui interviennent à la veille des élections municipales qui sont censées avoir lieu le 30 Mars sachant que l’évaluation des résultats de ces municipalités aura lieu selon deux critères.
Le premier critère, une comparaison avec les résultats des élections municipales de 2009, où le Parti Justice et Développement a obtenu 39 pour cent des voix, alors qu’aux élections législatives de 2007 il a remporté 47 pour cent .
Le deuxième critère, une comparaison avec les résultats des élections législatives de 2011 où le parti a obtenu 49,8 pour cent, soit la moitié du nombre d'électeurs..
Si nous tenons compte du premier critère et qu’Erdogan obtient plus de 40 pour cent des suffrages, alors on peut considérer cela comme une victoire, car au moins il n'aura pas reculé malgré la campagne intense dirigée contre lui .
Par contre si nous tenons compte du critère des législatives, alors une baisse de moins de 50 pour cent , et qui est le pourcentage qu’Erdogan a obtenu lors des législatives de 2011 ,serait une défaite pour lui. Surtout si la baisse est de plus de cinq points et que le nombre de votes favorables reste en-dessus de la barre des 45 pour cent .
Et donc, le critère des municipalités joue plus en faveur d’Erdogan que celui des législatifs.
Selon l’expert en affaires turques du quotidien libanais asSafir Mohammad Noureddine, il ne fait aucun doute que cette comparaison entre les résultats des élections législatives avec ceux des élections municipales n'est pas juste et incorrecte scientifiquement parlant.
Car, les tendances de vote dans les élections municipales dépendent en fait de multiples facteurs autres que politiques, notamment régionales, familiales, personnels voire tribales.
Or, tous les sondages d'opinion assurent une victoire d'Erdogan, mais là où ils s’opposent c’est dans les estimations du pourcentage de voix qu’il obtiendra.
Par conséquent, « le fait de menacer de quitter la politique si son parti ne remporte pas la première place n'a pas de sens » , selon Noureddine qui ajoute qu’ « en réalité, Edogan, par ses propos, cherche à gagner la sympathie de catégories supplémentaires hésitants , ou à mobiliser ceux qui le soutenaient. Ce qui lui permettra de bénéficier d’un plus grand nombre de voix afin de pouvoir assurer la présidentielle.
Pour ce qui est du poste de Premier ministre, il est clair que la question ne se pose pas puisqu’il compte rester à la tête du gouvernement si le jeu reste limiter dans les urnes et sans de surprises en vue.
Sauf qu’Erdogan préfère prévenir dés maintenant de l’éventualité de ne pas atteindre les résultats requis et donc de ne plus se porter à la candidature présidentielle afin de garantir son maintien à la tête du parti et du gouvernement.
Lors d'une réunion avec des journalistes locaux, Erdogan a affirmé qu'il ne compte pas demander au parti d’être nommer pour la quatrième fois à la tête du parti. A moins que ce dernier ne lui demande.
En réponse à une question de savoir si il était toujours déterminé à se présenter aux élections présidentielles , M. Erdogan a déclaré que «cette question n'est pas à l'ordre du jour maintenant . L'actuel président ( Abdullah Gül ) pourrait entamer un nouveau mandat présidentiel » .
L’expert conclut que « les nouvelles positions d’Erdogan ont redistribué les cartes de manière à réduire la pression et donc de ne pas perdre la présidence et le poste de Premier ministre en même temps. Selon les milieux proches d’Erdogan, il apparait que le Premier ministre attend avec impatience les élections municipales afin de remporter une victoire qui puisse être une riposte à ses adversaires , en particulier le prédicateur Fathallah Gulen . Sachant que les résultats de ces élections ne signifie pas que la bataille a été gagné d’emblée en faveur de M. Erdogan : la guerre interne entre partenaires d'hier et ennemis d'aujourd'hui dépassent les résultats des élections ».
Toutefois, si Erdogan obtient des résultats élevés, certes il se présentera aux élections présidentielles. Dans le cas contraire, alors il se rendra à la conférence générale du parti pour modifier les règles de nomination d’un président pour le parti qui n’est renouvelable que pour trois mandats.
Ce qui permettra au président Gul de se présenter aux présidentielles lors des élections qui auront lieu en Août prochain .
Et donc la question qui se pose : " Ets-ce que les allusions d’Erdogan de ne point se présenter aux présidentielles sont une manœuvre de sa part en attente des résultats des élections municipales, ou au contraire est-une véritable intention de sa part qui a été décidée en coordination avec Gul et avec la direction du parti d'abandonner et rester à la tête du parti et du gouvernement"?