Maliki estime que l’Arabie est le principal soutien au terrorisme dans le monde.
L’Arabie saoudite et le Qatar en pleine brouille politique ont été farouchement pris à part par le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki, dont le pays connait une spirale de violence inouïe qui a coûté la vie à plus de 1.800 Irakiens depuis le début de l’an.
Selon lui, ces deux monarchies golfiques œuvrent pour déstabiliser l’Irak en soutenant le terrorisme et entre autre Al-Qaïda. « Ce qui revient à déclarer la guerre au pays », a-t-il martelé dans un entretien diffusé samedi soir sur la chaîne France 24.
Ayant déjà par le passé accusé -- sans les nommer -- des pays de la région de vouloir déstabiliser son pays, c’est la première fois que Maliki les nomme.
A propos de ces deux pays, M. Maliki a insisté: "Ils attaquent l'Irak, via la Syrie, et de manière directe, et ils ont déclaré la guerre à l'Irak".
"Ces deux pays sont les premiers responsables des violences entre communautés, du terrorisme et de la crise de sécurité en Irak", a-t-il martelé, affirmant que Ryad et Doha fournissaient un soutien politique, financier et médiatique aux insurgés dont ceux d’al-Qaïda et accusant les deux pays d'"acheter des armes au bénéfice de ces organisations terroristes".
Il poursuit que ces deux pays « abritent le terrorisme, Al-Qaïda et les takfiris (takfiristes) et recrutent les jihadistes qui viennent de pays européens, dont la Belgique, la France et autres ».
Durant l’entretien télévisé, Maliki s’interroge : « comment sont-ils venus en Irak ? », et répond : « grâce à des comités créés en Arabie pour amener les jihadistes à venir combattre en Irak. Et au moment où le royaume saoudien promulgue une décision qui interdit aux Saoudiens de combattre à l’étranger, ils vont chercher à recruter les gens au Maghreb et ailleurs ».
Interrogé sur les accusations selon lesquelles son gouvernement marginalise la minorité sunnite, le Premier ministre a assuré que es accusations sont alimentées par "des personnes sectaires liées à des agendas étrangers, avec une incitation saoudienne et qatarie".
Selon l’AFP, les violences en Irak, qui partage une longue frontière avec l'Arabie saoudite, sont essentiellement alimentées par le ressentiment de la minorité sunnite face au gouvernement du chiite Maliki, et par le conflit en Syrie voisine.
Durant son entretien, Maliki s'en est aussi particulièrement pris à l'Arabie saoudite, fustigeant son "choix dangereux" de "soutenir le terrorisme dans le monde".
Ryad soutient le terrorisme « en Syrie, et en Irak, et au Liban, et en Egypte, et en Libye, et même dans les pays au-delà" du monde arabe, a-t-il insisté.
Cette rare attaque directe à l'encontre des monarchies du Golfe lésées par le renversement du dictateur irakien Saddam Hussein, et la participation des chiites au pouvoir intervient à moins de deux mois des élections législatives, prévues fin avril, alors que l'Irak s'enfonce dans une nouvelle spirale de violences avec déjà plus de 1.800 morts cette année.
Elle intervient aussi alors que les tensions entre Ryad et Doha sont vives. Quoique tous deux soutiennent l’insurrection syrienne, le premier accuse la deuxième de favoriser de la confrérie des Frères Musulmans dans la région. Ces derniers sont perçus par le royaume saoudien comme étant sur le plan théologique les adversaires du wahhabisme, religion d’Etat en Arabie.