Pour Zarif, Téhéran "n’acceptera une solution que si ses droits et intérêts (en matière nucléaire) sont reconnus".
Les négociations nucléaires entre l'Iran et les grandes puissances sont difficiles et sans "garantie de succès" pour un accord final, a prévenu dimanche la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton lors de sa première visite à Téhéran.
L'Iran et le groupe 5+1 (Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Russie, Chine et Allemagne) ont conclu en novembre à Genève un accord intérimaire de six mois, un premier pas vers un accord définitif qui mettrait un terme à plus de dix ans de crise sur le programme nucléaire controversé de Téhéran.
Les prochaines discussions entre les deux parties sont prévues le 17 mars à Vienne, les Occidentaux cherchant à obtenir un accord global garantissant sans l'ombre d'un doute la nature pacifique du programme nucléaire iranien.
"Nous sommes engagés dans des négociations difficiles, avec des défis, et il n'y a pas de garantie de succès" mais "nous devons nous fixer pour objectif d'aboutir" à un accord, a dit Mme Ashton dans une conférence de presse avec son homologue iranien Mohammad Javad Zarif, dont elle a salué le travail pour aboutir à l'accord de Genève.
M. Zarif, dont le pays dément tout volet militaire à son programme nucléaire, a assuré que l'Iran était "déterminé à aboutir à un accord" final, qui pourrait selon lui être conclu dans les quatre ou cinq prochains mois.
"Nous avons montré notre bonne volonté et avons accompli ce que nous devions faire dans le cadre de l'accord intérimaire", a-t-il dit, ajoutant que Téhéran "n'acceptera une solution que si ses droits et intérêts (en matière nucléaire) sont reconnus".
C'est la première fois depuis 2008 et la visite de Javier Solana qu'un chef de la diplomatie européenne se rend à Téhéran. Mme Ashton joue un rôle central dans les discussions nucléaires actuelles.
'Bonne volonté'
Les diplomates européen et iranien ont par ailleurs discuté de la guerre en Syrie où la situation est "terrible" selon Mme Ashton et "dangereuse" pour M. Zarif, dont le pays est un allié du régime de Bachar al-Assad.
Mme Ashton devait ensuite rencontrer le président Hassan Rohani puis Ali Larijani, le président du Parlement dominé par les conservateurs.
La visite de la chef de la diplomatie de l'UE a été facilitée par le réchauffement des relations entre l'Iran et les pays occidentaux après l'élection en juin de M. Rohani, un modéré, et l'accord nucléaire intérimaire.
Ce plan d'action conjoint, entré en application le 20 janvier, prévoit un gel de certaines activités nucléaires sensibles iraniennes en échange de la levée d'une petite partie des sanctions occidentales qui étranglent l'économie du pays.
Les relations avec l'UE s'étaient fortement dégradées après la mise en place en 2012 de sanctions économiques contre l'Iran afin de faire plier Téhéran sur le dossier nucléaire.
"Elle vient pour mettre de l'huile dans les rouages des relations avec l'Iran", a déclaré à l'AFP un diplomate européen basé à Téhéran. "Mais c'est aussi un geste de bonne volonté de l'UE".
Plusieurs chefs de diplomatie européens se sont succédé en Iran après la signature de l'accord de Genève et des gestes d'ouverture de M. Rohani, qui a affirmé vouloir reprendre des relations "constructives" avec l'Occident et résoudre la crise nucléaire qui empoisonne leurs liens depuis des années.
Ashton 'fière'
Pour parvenir à un accord final, plusieurs questions sensibles demeurent, en particulier la taille du programme d'enrichissement de l'Iran, le site d'enrichissement de Fordo et le réacteur à eau lourde d'Arak.
Les Occidentaux demandent la fermeture de ces deux sites, mais l'Iran refuse, se disant prêt à prendre des mesures pour garantir qu'il n'y aura pas de déviation de son programme civil vers un but militaire.
Catherine Ashton a par ailleurs souligné sa "fierté" d'avoir rencontré des "activistes féministes" samedi soir après son arrivée à Téhéran à l'occasion de la journée internationale de la Femme.
La question des droits de l'Homme doit aussi être évoquée même s'il s'agit d'un sujet de discorde régulier, les Occidentaux critiquant le recours fréquent à la peine de mort en Iran et les emprisonnements d'opposants politiques.