69% des Palestiniens sont défavorables à un plus grand rôle de Washington dans les négociations après son veto en février au Conseil de sécurité qui a bloqué l’adoption d’une résolution condamnant la colonisation
Les Palestiniens tiennent au parrainage international des négociations de paix pour rééquilibrer leur face-à-face avec Israël, mais ne se fient plus à Washington pour jouer ce rôle, au moment où Barack Obama s'apprête à redéfinir sa politique régionale.
Les atermoiements de l'administration Obama sur un nouveau gel de la colonisation exigé au Premier ministre d'Israël Benjamin Netanyahu ont miné sa crédibilité auprès des Palestiniens qui attendent désormais de Washington qu'il ne se mette pas en travers de leur accession à une reconnaissance internationale.
Dans une tribune publiée mardi par le New York Times, deux jours avant le discours du président américain, le dirigeant palestinien Mahmoud Abbas se montre résolu à demander la reconnaissance de la Palestine à l'ONU en septembre.
Aux responsables américains qui douteraient de sa détermination ou voudraient encore le convaincre de l'intérêt de négociations, dont la démission de l'émissaire américain pour le Proche-Orient George Mitchell a sanctionné l'échec, M. Abbas prévient qu'"il ne faut pas y voir une manœuvre".
Tirant les conclusions de la faillite des pourparlers de paix lancés en septembre 2010 sous les auspices de Washington, il remarque que "ni la pression politique ni les promesses de récompense par les Etats-Unis n'ont fait cesser le programme de colonisation d'Israël".
"Quand M. Mitchell est venu voir le président Abbas, se tordant les mains et disant 'Je suis vraiment désolé, nous n'avons pas réussi à tenir parole sur la colonisation, nous n'avons même pas pu convaincre M. Netanyahu d'accepter un moratoire de trois mois', la crédibilité de l'Amérique, parrain du processus de paix, s'est évanouie", selon le négociateur palestinien Nabil Chaath.
"Si vous ne pouvez pas obtenir des Israéliens l'application de ce qui a été convenu, seulement pour trois mois, comment pourriez-vous garantir qu'en cas d'accord pour que les Israéliens se retirent de toute la Cisjordanie ils le respecteraient ?" a demandé M. Chaath.
"Les négociations doivent se tenir avec un minimum d'égalité entre les gens et une intervention internationale qui garantisse cette égalité", a-t-il poursuivi, estimant l'administration Obama trop monopolisée par les questions intérieures pour assumer cette mission.
M. Abbas s'est borné à "espérer" que le président américain rappellerait dans son discours les termes de référence du processus de paix.
Selon un sondage réalisé en mars, 69% des Palestiniens sont défavorables à un plus grand rôle de Washington dans les négociations après le veto américain en février au Conseil de sécurité qui a bloqué l'adoption d'une résolution condamnant la colonisation juive en Cisjordanie et à Jérusalem-Est occupées.
Dans un article publié par Le Monde et le Guardian, le juriste français Ziyad Clot, ex-conseiller de l'équipe de négociateurs palestiniens en 2008, révèle avoir contribué aux fuites de centaines d'archives confidentielles diffusées en janvier par la chaîne qatarie AlJazira, afin de dénoncer les vices de ces pourparlers sous parrainage américain.
Ces documents "illustrent les dérives d'un processus politique aussi inéquitable que destructeur car fondé sur le postulat que les Palestiniens pouvaient efficacement négocier leurs droits et parvenir à leur autodétermination tout en souffrant chaque jour un peu plus des affres de l'occupation israélienne", déplore-t-il.
Dans sa tribune, M. Abbas affirme lui aussi qu'une reconnaissance internationale compenserait le déséquilibre des forces: "la Palestine négocierait en qualité de membre des Nations unies dont le territoire est occupé militairement par un autre et non en tant que peuple vaincu prêt à accepter n'importe quelle condition qui nous serait présentée".