"Les Allemands devraient rectifier certaines décisions économiques, pour éviter une paralysie de l’Europe".
La dépendance de l'Allemagne vis-à-vis du gaz russe constitue une menace pour la souveraineté de l'Europe, a affirmé lundi le Premier ministre polonais Donald Tusk.
"La dépendance de l'Allemagne au gaz russe peut limiter réellement la souveraineté de l'Europe. J'en suis convaincu", a déclaré Tusk devant la presse, à deux jours d'une visite de la chancelière allemande Angela Merkel à Varsovie.
"Pour moi, la question de l'Ukraine, c'est une question de l'avenir et de la sécurité de l'Union européenne", a déclaré le Premier ministre polonais en visitant une base militaire dans le nord de la Pologne.
Il s'est prononcé pour "une certaine révision de la politique énergétique" de l'UE.
"J'en discuterai très ouvertement avec Mme Merkel, faisant valoir que les conceptions actuelles concernant la politique climatique et gazière risquent de constituer une menace pour la sécurité et la souveraineté de l'Europe toute entière", a-t-il insisté.
"Je formulerai sans équivoque nos opinions au sujet des menaces politiques liées à la dépendance au gaz et à l'argent russes. Ceci, bien sûr, ne concerne pas que l'Allemagne, mais l'Allemagne constitue un fort exemple de ce phénomène, ces dernières années", a déclaré Tusk.
Il a annoncé qu'il aborderait avec Merkel la question de savoir "comment les Allemands pourraient rectifier certaines décisions économiques, pour éviter une paralysie de l'Europe au moment où elle doit agir rapidement et adopter une position claire".
Le chef de la diplomatie britannique, William Hague, a déclaré pour sa part lundi que la question de la dépendance énergétique de l'Europe par rapport à la Russie devrait être abordée.
A long terme, "l'Union européenne doit discuter de la façon de revoir notre approche, y compris celle de la politique énergétique, pour rééquilibrer la balance entre la Russie et l'UE", a-t-il dit après des pourparlers à Londres avec son homologue polonais Radoslaw Sikorski.
Le géant public russe Gazprom avait menacé vendredi l'Ukraine d'interrompre ses exportations de gaz en raison d'impayés de 1,89 milliard de dollars, comme ce fut le cas en 2009, quand des coupures avaient perturbé l’approvisionnement de pays européens.
L'exposition des différents pays européens au gaz russe reste très contrastée.
Les pays de l'Ouest de l'Europe (Belgique, Pays-Bas, Espagne, France, Royaume-Uni, Italie) tirent entre zéro et un quart seulement de leur consommation de gaz de la Russie, selon une note de Morgan Stanley.
D'autres pays sont plus dépendants (Allemagne, Autriche, Pologne) voire très ou entièrement dépendants (Finlande, pays baltes).
L'Allemagne importe environ un tiers de son pétrole et de son gaz de la Russie, dont elle est le premier partenaire commercial européen.