Naissance d’une nouvelle milice à Alep.Deux suicidaires de Qamechli identifiés.
La relation ne cesse de s’empirer entre la faction désavouée d’Al-Qaïda, l'Etat Islamique en Irak et au Levant et toutes les autres milices en action en Syrie, dont sa sœur ennemie d’Al-Qaïda, le front al-Nosra et le Front islamique soutenu par l’Arabie saoudite.
Dans un communiqué sonore, prononcé par son porte-parole, Abou Mohammad al-Adnani, l’EIIL a accusé ces deux milices qui combattent désormais ensemble dans la plupart des régions syriennes de « trahison et de duplicité dans le but de la dégager de la Syrie ».
« Il n’en sera rien. Des cranes seront écrasés et des corps éventrés pour empêcher » une chose pareille, a-t-il menacé, selon le journal libanais as-Safir.
Adnani a réfuté toutes les accusations dressées contre sa milice, les taxant de « mensonges ».
Il répliquait au discours du membre du conseil de la choura du front al-Nosra, Abou Abdallah al-Chami qui a qualifié l’EIIL de Khawarijs, (en allusion à la secte des Musulmans désavouée par la plupart des Musulmans pour sa lecture violente de l’islam).
Adnani a proposé un recours à la « Moubahala », une sentence d’anathèmes prononcés par les deux antagonistes en querelle et en fonction de laquelle chacun se lance la malédiction de Dieu au cas où il serait menteur.
L'EIIL tue 22 rebelles
Dans la soirée de ce mardi, l'EIIL semble avoir mis ses menaces à exécution, en exécutant 22 personnes dans le nord de la Syrie.
"Des membres de l'EIIL ont exécuté au moins 22 personnes par balle et à l'arme blanche après avoir pris le contrôle du secteur de Choyoukh, en banlieue de Jaraboulous", près de la frontière turque, a déclaré à l'AFP le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane.
"Au moins 12 rebelles armés" figurent parmi les personnes exécutées, a-t-il précisé.
L'EIIL avait pris Jaraboulous, dans la province d'Alep, en février aux rebelles.
Lundi, l'EIIL avait reconnu avoir perdu quelques uns de ses chefs de milices dont Abou Souhaib le Libyen (voir photo) , présenté comme étant le destructeur du barrage Panorama à Raqqa. L'EIIL a aussi annoncé la mort de son responsable financier , Abou Baker al-Halabi, tué dans son communiqué par l'armée nassirienne ( en allusion aux militaires réguliers).
Et une nouvelle milice
Entretemps, la scène syrienne ne cesse de voir naitre de nouvelles milices. Alors que les tentatives saoudiennes tournent à pleine vitesse pour unir toutes les milices sous la bannière de sa formation du Front Islamique.
Selon le journal al-Akhbar une nouvelle coalition militaire a vu le jour à Alep.
Comptant 19 groupuscules et brigades islamistes originaires de plusieurs gouvernorats syriens, elle a été baptisée « Bataillon du Levant ».
Dans une intervention vidéo filmée et postée sur You tube par le bureau médiatique de cette milice, l’un de ses dirigeants a tout en présentant les différentes brigades assuré que les brigades qui forment son bataillon « s’engagent à œuvrer pour défendre notre religion, et ses adeptes, et à récupérer la totalité de notre territoire du régime criminel ».
Une source jihadiste interrogée par le journal libanais a minimisé l'importance de cette nouvelle naissance assurant qu’elle n’est autre qu’une nouvelle appellation de l’Armée du Levant. Selon cette source, la plupart des groupuscules qui l’ont joint n’ont pas de réelles contributions dans la lutte contre le régime et qu’elles sont restées neutres dans le conflit entre l’EIIL et le FI.
L’EIIL indélogeable
Sur le terrain dans la province d’Alep, les milices hostiles à l’EIIL ne parviennent toujours pas à le déloger. Bien au contraire il est parvenu à conquérir une localité et un pont situé à l’Euphrate, tuant des dizaines de miliciens du FI.
Dans la ville d’al-Bab, à la frontière avec la Turquie, l’EIIL a même dressé une guillotine devant le commissariat de la police politique et compte semble-t-il exécuter des hommes accusés d’avoir dépêché des informations à l’Armée syrienne et à la milice des Frères Musulmans Tawhid.
Qamechli : deux kamikazes identifiés
L’EIIL a également revendiqué le triple attentat suicidaire perpétré ce mardi à l’intérieur de d’un hôtel au centre de la ville kurde de Qamechli au nord-est de la Syrie.
La milice a également présenté l’identité de deux des suicidaires (voir photo à droite) qui se sont fait explosés en détonant leur ceintures piégées dans l’attentat qui a tué huit personnes, dont quatre femmes, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), instance de l’opposition armée siégeant à Londres.
L’AFP a signalé qu’un militant kurde sur place lui a indiqué que l'hôtel était une base des forces de sécurité kurdes "Asayish", mais qu'il ignorait si les victimes étaient des membres de ces forces.
Un porte-parole d'Asayish a assuré pour le site d'infos Arabs-press que toutes les victimes sont des civils et 7 insurgés avaient participé à l'attaque: quatre ont été tués et trois autres ont été arrêtés.
Les auteurs de l'attentat appartiennent à des nationalités égyptienne, tunisienne et saoudienne.
Qamichli est la plus grande ville à majorité kurde tenue par le pouvoir et les milices kurdes. Elle est relativement épargnée par les combats qui font rage sur d'autres fronts de Syrie dévastée par trois ans de guerre.
Aux portes de Yabroud
Dans le Qalamoune, l’armée syrienne avance à grands pas. Elle a pris la totalité des fermes Rima et se trouve désormais a proximité de Yabroud le fief des miliciens. Lundi, un convoi de plusieurs dizaines de voitures équipées de mitrailleuses et transportant des miliciens a été bombardé par l’aviation et l’artillerie de l’armée syrienne.
Dans le bombardement, une énorme explosion a été entendue. Il s’est avéré qu’un dépôt de roquettes artisanales y a été complètement détruit et plus de 35 miliciens ont péri.
Dans la Ghouta orientale, à l’est de Damas, un chef de milice de l’Armée Islamique Libre, a été tué et 16 autres ont été faits prisonniers dans des combats avec les militaires réguliers, a proximité du quartier Jobar.
Lattaquié: 70 tués
A Lattaquié, le Front islamique soutenu par l'Arabie saoudite a subi un coup dur lorsque les troupes regulières ont attaqué son QG dans la localité al-Kabir et tué plus de 70 de ses éléments armés ainsi que leur émir de la brigade Ahrar el-Cham (Libres du Levant).