Elles ont rendu hommage à leurs ravisseurs.
Les déclarations des religieuses de Maaloula libérées lundi dernier ont provoqué l'ire de leurs coreligionnaires de la localité de Saydnaya, dans la province de Damas.
Ces derniers refusent de les accueillir dans le couvent de leur localité dans lequel elles comptaient séjourner, en attendant leur retour à leur monastère à Maaloula.
Ils ont même exigé de leur demander des comptes, dans un mémorandum adressé au patriarcat grec-orthodoxe. Alors que certains réclament de leur ôter leur statut religieux.
Ces Syriens chrétiens reprochent à ces nonnes d'avoir rendu hommage à leurs ravisseurs. Surtout que les horreurs commises par le front al-Nosra ne sont un secret pour personne, dont les destructions perpétrées dans la localité historique chrétienne de Maaloula, en incendiant ses églises et en brisant les signes religieux et les croix.
« Les milieux proches du pouvoir, dont un grand nombre d'habitants et les membres des comités de défense locaux, sont suffoqués par le remerciement que les religieuses ont adressé au front al-Nosra et l’hommage adressé au Qatar et refusent catégoriquement leur avènement à Saydnaya », rapporte l’un des fils de cette localité chrétienne , Fadi Serhane, s’exprimant pour le correspondant du journal libanais al-Akhbar.
On leur en veut aussi d'avoir oublié les chrétiens qui ont été décapités par les miliciens du front al-Nosra, avant l'entrée sur la scène syrienne de son frère d'armes, l'Etat Isamique en Irak et au Levant (EIIL). Parmi ces victimes figurent trois moines, décapités au nord de la Syrie, en juin 2013, dont le père François Mourad qui avait été enlevé de son couvent à Ghassaniyeh. (voir photo)
Les medias syriens ont également fait état de critiques fusant de toutes parts. Selon l’AFP, un présentateur des informations sur la chaîne Sama (pro-pouvoir) a accusé lundi les religieuses de "tromperie, ou au moins de s'être placées loin de la nation", qualifiant leurs déclarations après leur libération de "choquantes et blessantes".
"J'aimerais rappeler qu'au début des évènements à Maaloula (en décembre), l'armée syrienne a tenté de sortir les nonnes mais elles ont refusé car elles avaient de bonnes relations avec les hommes armés (rebelles)", a dit l'un des militants pro pouvoir sur Facebook.
Dans les déclarations rapportées par les agences de presse, dont l’AFP, l’une des religieuses a assuré qu'elle et ses compagnes avaient été "bien" traitées pendant leur captivité. Le Front Al-Nosra "nous donnait tout ce qu'on demandait" et "personne ne nous a importunées", a-t-elle déclaré, démentant des rumeurs selon lesquelles les ravisseurs auraient obligé les religieuses à ôter leurs croix.
Les images diffusées par la chaine de télévision qatarie al-Jazeera,( voir photos) le mois de décembre dernier, lors de leur enlèvement, contredisent catégoriquement ces allégations.
L’une d’entre elles était même arrivée à vanter « l’humanisme du cœur » des éléments du front al-Nosra qui d’après ses propos « nous ont kidnappées pour nous protéger ».
Selon les médias, les ravisseurs ont obtenu en contrapartie de la libération des 13 religieuses et de leurs trois auxiliaires la libération d'un certain nombre de leurs detenus dans les prisons syriennes: 25 selon le ministre syrien de l'information, et 150 selon les sources de l'opposition armée dont l'OSDH. Sans oublier l'importante somme d'argent qu'ils ont encaissée: entre 4 et 15 millions de $ .
Mais il semble que ces miliciens d’Al-Qaïda aient voulu aussi blanchir leur répertoire terni, à l’instar de de celui leur frère d'arme, l’Etat Islamique en Irak et au Levant, par les horreurs qu’il a commis, dont les décapitations et les massacres aussi bien contre les minorités religieuses que contre l’ensemble de la population syrienne sunnite.
Dans une vidéo diffusée lundi par des militants sur Internet, un rebelle cagoulé est filmé en train de porter une des religieuses dans une voiture tandis que le conducteur affichait un drapeau noir du Front Al-Nosra.
Selon al-Akhbar, les milieux proches de l’église grecque-orthodoxe sont plutôt enclins à justifier aux nonnes leurs déclarations laxistes pour le front al-Nosra , au motif qu’elles étaient enmcore sous la pression de la détention et qu’elles n’ont pas à faire des déclarations politiques, mais à prononcer "un message de paix et de tolérance envers tous, dont les adversaires".
Mais ils ne peuvent en revanche admettre les propos de l'une d'entre elles sur "l’humanisme" du front al-Nosra et comptent lui demander des comptes. Loin des médias.