Le mystère est d’autant plus intrigant que la région où il a disparu grouille de radars. Et le public affiche une grande incrédulité quant à la volatilisation pure et simple d’un gros porteur.
Des experts du secteur de l'aviation doutaient vendredi de l'hypothèse selon laquelle le Boeing de Malaysia Airlines disparu aurait parcouru des milliers de kilomètres hors de son trajet prévu, survolant sans être détecté une région sensible parsemée de radars militaires.
Cette possibilité a toutefois été prise au sérieux par Washington qui a redéployé son destroyer USS Kidd de la côte orientale de la péninsule malaisienne -- où le vol MH370 s'est volatilisé samedi avec 239 personnes à bord -- en direction de l'Océan indien, de l'autre côté.
La Maison Blanche a évoqué de "nouvelles informations" suggérant que l'appareil a continué de voler plusieurs heures après avoir perdu le contact avec le contrôle aérien en mer de Chine méridionale, entre l'est de la Malaisie et le sud du Vietnam.
"Qu'un appareil disparaisse totalement, à ce niveau de technologie, à cette époque, dans le ciel très animé d'Asie du sud-est est totalement incongru", a relevé Neil Hansford, président du cabinet de consultants Strategic Aviation Solutions.
"Mais on doit se demander, pourquoi l'USS Kidd fait-il route à toute allure vers la mer Andaman", s'est-il interrogé, jugeant "probable" que l'avion soit sur la côte est de la péninsule malaisienne.
Le changement de cap est intervenu alors que plusieurs médias américains, citant des responsables américains, ont indiqué que l'appareil avait continué à transmettre un signal pendant quatre heures après sa disparition, une heure après avoir décollé de Kuala Lumpur pour Pékin.
Ces éléments s'ajoutent à la possibilité d'un demi-tour de l'avion évoquée par les autorités malaisiennes sur la base de données radars.
Neil Hansford, pour qui tous ces éléments pointent vers une catastrophe soudaine, comme une explosion en plein ciel, s'est montré sceptique concernant l'hypothèse d'un vol de plusieurs heures à travers l'espace aérien de divers pays.
"Un appareil sans transpondeur, dans l'espace aérien de n'importe qui, aurait créé un incident militaire, et quelqu'un aurait fait quelque chose".
Défaillance, terrorisme, suicide ?
L'Asie du sud-est, en particulier la mer de Chine méridionale, est un terrain de disputes territoriales impliquant de la part des différentes parties une surveillance de chaque instant avec les équipements les plus modernes.
Depuis le point où il a officiellement disparu des écrans radars, le vol MH370 aurait dû traverser des espaces aériens surveillés par les radars militaires de Malaisie, Thaïlande, Vietnam, Chine et Inde.
"Comment a-t-il fait pour passer tout ça ?", s'est interrogé Gerry Soejatman, analyste basé à Jakarta.
Une éventualité est que des systèmes radars aient détecté quelque chose, mais pas clairement, ajouté à une réticence à dévoiler des données pouvant révéler des détails sur les capacités des radars militaires.
"Je suis sûr qu'il y a beaucoup de discussions en coulisses sur quelles informations dévoiler pour aider les recherches de l'appareil, et ce que nous ne voulez pas dans le domaine public", a déclaré David Kaminski-Morrow, du magazine Flight International. Ni la Marine américaine ni la Maison Blanche n'ont détaillé les renseignements ayant conduit au redéploiement de l'USS Kidd.
Le mystère entourant la disparition du Boeing a suscité de nombreux scénarios possibles, explosion en plein ciel, acte terroriste, défaillance technique catastrophique, suicide du pilote.
S'il avait volé plusieurs heures après sa disparition, cela accréditerait plutôt la thèse d'une prise de contrôle du cockpit.
Cette théorie est renforcée par d'autres informations non confirmées selon lesquelles les deux principaux systèmes de communication de l'avion auraient arrêté de fonctionner à 14 minutes d'intervalle, suggérant une opération manuelle.
Mais ce laps de temps pourrait être expliqué par un incendie, selon Soejatman.
Pour les experts, les spéculations sont alimentées par l'incrédulité du public quant à la volatilisation pure et simple d'un gros porteur, à une époque où les Smartphones ont envahi la planète.
Alors que les recherches étaient vendredi dans leur septième jour, les opérations en sont toujours à leur début, a de son côté prévenu Paul Yap, de Temasek Polytechnic à Singapour.
"Le problème inhabituel et peut-être le plus important est qu'il n'y a rien qui puisse leur dire exactement comment déployer leurs moyens", a-t-il noté.
"Je sais que c'est très frustrant à entendre (...), surtout pour les familles. Mais à ce stade, c'est la réalité".