Certains voient dans cette position américaine un complot contre le Hezbollah.
Les Américains sont-ils désormais convaincus de la nécessité de nommer au poste de la présidence libanaise le général Michel Aoun après le renoncement du président français à l’idée du prolongement du mandat de Michel Souleimane ? Les milieux diplomatiques évoquent sans cesse ces informations. Certains voient dans cette position américaine un complot contre le Hezbollah, mais la direction du Hezbollah assure soutenir le général sans ambages.
Le dossier de la prolongation du mandat de Michel Souleimane a été clos. Seuls Souleimane et son entourage sont toujours enthousiastes à l’idée. Le président français François Hollande était parmi les partisans d’une telle prolongation. Des sources au palais présidentiel à Baabda confirment qu’Hollande avait fait cette proposition au président libanais en novembre 2012. Mais des personnalités libanaises à Paris rapportent qu’Hollande avait interrogé Souleimane sur la prolongation du mandat et qu’il ne l’avait pas proposée.
D’aucuns avancent que le renoncement français vise à « épargner le vide politique au Liban et sauvegarder la stabilité dans le pays ». « Pour Hollande, vaut mieux renforcer le poste de présidence libanaise, parce qu’il est la plus haute autorité chrétienne en Orient. Et la prolongation du mandat de Souleimane affecte négativement ce poste », rapporte un politicien libanais qui fréquente l’Elysée, sous le couvert de l’anonymat.
Ces propos, cités par le quotidien libanais al-Akhbar, ne rassurent pas toutefois les autres candidats à la présidentielle libanaise : « Nous ne pouvons point parler d’une bataille présidentielle avant que l’affaire du soutien américain à la candidature du général Michel Aoun ne soit tranchée ».
Un autre politicien concerné par le dossier des élections présidentielles dit : « Les Américains veulent un président qui assure la stabilité au Liban, et qui peut communiquer avec le Hezbollah sans aucun obstacle ».
Des informations circulent dans les salons politiques selon lesquelles Jeffrey Feltman, (représentant du secrétaire général des Nations Unies pour les affaires politiques et ancien ambassadeur US au Liban) a contacté un politicien adversaire à Aoun pour demander ironiquement son avis sur la nomination du général de Rabieh à la tête de la présidence : « Que dites-vous ? L’arrivée d’Aoun au poste présidentiel n’est-il pas utile ? Ceci ne contribue-t-il pas à protéger les chrétiens au Liban ? Aoun ne peut-il pas aider à calmer le Hezbollah ? ».
La réponse dudit politicien fut intransigeante: « L’arrivée d’Aoun à la présidentielle équivaut à l’arrivée de Samir Geagea, et les deux mènent au même résultat qui a suivi l’élection de Bachir Gemayel : la guerre civile ».
Ce qui a été dit plus haut confirme ce que font circuler des proches du chef du Parlement Nabih Berri et du député Walid Joumblatt : « Les Américains ont adopté la candidature de Michel Aoun ».
« Washington veut dénuder le Hezbollah sur le plan national », dit l’un des proches des deux dirigeants Berri et Joumblatt. Cette source politique ne cache pas ses craintes quant à un véritable « complot ». En effet, des politiciens du courant patriotique libre et d’autres centristes soulignent que Berri et Joumblatt préfèrent un président proche de leur école politique : Un président proche de l’expérience d’Elias Heraoui que d’Emile Lahoud.
Des proches de Berri et Joumblatt ajoutent : « Saad Hariri est aussi d’accord. Celui qui veut s’assurer de sa position n’a qu’à suivre les contacts entre le ministre Gebran Bassil et le directeur de bureau de Hariri, Nader Hariri, et à écouter les propos élogieux d’Aoun en faveur de Saad et de Nader. En effet, personne n’est opposé à la candidature d’Aoun à l’exception de nous, des chrétiens du 14 mars et de l’Arabie Saoudite », déplorent ces mêmes sources.
Dans le camp du 8 mars, certains voient d’un mauvais œil la trêve entre Aoun-Hariri, et craignent qu’une possible alliance entre Aoun et les Américains ne sabotent la coalition entre Aoun et le Hezbollah. Il est clair que ces craintes sont dues au manque d’information sur la teneur des séances à huis clos entre Aoun et l’ambassadeur américain au Liban David Hill, et le président Saad Hariri… et encore entre Aoun et le secrétaire général du Hezbollah Sayed Hassan Nasrallah.
Rares sont ceux qui connaissent la teneur des dernières rencontres entre Sayed Nasrallah et Michel Aoun. Toutefois, des milieux informés de la nature des liens entre le Sayed et le général confirment que le soutien du Hezbollah à la candidature d’Aoun est « indiscutable ».
Ceux-ci rappellent la position ferme du général en faveur de la résistance lors de la guerre de juillet 2006, et assurent que les propos positifs envers Aoun au sujet de sa candidature à la présidentielle « ne sont pas seulement adressés au public, mais ce sont les mêmes propos prononcés par Sayed Nasrallah dans les réunions du Hezbollah ».
Traduit du site al-Akhbar