Washington a pressé Saleh de signer et d’appliquer l’accord proposé par le CCG.
Le médiateur du Golfe, Abdellatif Zayani, a échoué mercredi à obtenir la signature de son plan pour une transition du pouvoir au Yémen malgré une intervention des Etats-Unis auprès du président Ali Abdallah Saleh.
Zayani a quitté Sanaa en milieu de soirée, selon l'agence officielle Saba, alors que les tractations de dernière minute laissaient entendre que la signature de l'accord de sortie de crise, élaboré par les monarchies du Golfe, était imminente.
"Mais le président Saleh a finalement refusé de signer", a déclaré un responsable du Forum commun, l'opposition parlementaire.
"M. Saleh a conditionné sa signature à la levée des sit-in, à la fin de la rébellion houthie dans le Nord et à un règlement dans le Sud", où opère un mouvement sécessionniste, a ajouté le responsable qui a requis l'anonymat.
Alors que M. Zayani a prolongé de 24 heures sa mission à Sanaa, initialement prévue pour durer trois jours, dans l'espoir d'obtenir la signature de Saleh, la Maison blanche est intervenue auprès du président yéménite, son allié dans la lutte contre le soi-disant « terrorisme ».
Lors d'un entretien téléphonique, le principal conseiller du président Barack Obama pour l'antiterrorisme, John Brennan, "a pressé M. Saleh de signer et d'appliquer l'accord proposé (...) pour que le Yémen puisse immédiatement progresser vers une transition politique", a indiqué la présidence américaine dans un communiqué.
Les Etats-Unis et l'Union européenne ont contribué à l'élaboration du plan du Golfe.
Les jeunes protestataires qui campent à Sanaa depuis le 21 février pour réclamer le départ de M. Saleh avaient averti qu'ils auraient recours "à l'escalade" si la mission de M. Zayani échouait.
"S'il obtient le départ du président, nous l'appuierons, mais s'il vient négocier pour obtenir l'application du plan initial (accordant l'immunité à M. Saleh), nous refuserons cela et aurons recours à l'escalade", avait prévenu samedi un porte-parole des jeunes, Walid al-Ammari.
Le plan du Golfe qui couronne une médiation des monarchies du Conseil de coopération du Golfe (CCG) engagée début avril, prévoit la formation par l'opposition d'un gouvernement de réconciliation et la démission un mois plus tard du président en échange de l'immunité pour le chef de l'Etat et ses proches, puis une élection présidentielle dans les 60 jours.
Les tentatives du CCG ont buté jusqu'à présent sur le refus du président Saleh, accusé par ses adversaires de chercher à "gagner du temps" en refusant de signer le plan en sa qualité de président de la république ou en exigeant un calendrier d'exécution incluant un arrêt des sit-in et des manifestations.