Par Ghaleb Kandil.
Les illusions de certains sur leurs capacités à modifier les équilibres au Liban, et à concrétiser leurs rêves de prendre pour cible la Résistance et sa légitimité, se sont brisées à la réalité. Ils s'imaginaient pouvoir modifier les rapports de forces avec l'aide des Américains, de l'Occident et des Arabes du Golfe, notamment de l'Arabie saoudite, mais ils ont encore une fois échoué.
A l'expiration du délai qui aurait transformé le gouvernement de Tammam Salam en Cabinet d'expédition des affaires courantes, la fumée blanche s'est enfin dégagée, et les protagonistes sont tombés d'accord sur une déclaration ministérielle reconnaissant "le droit du Liban et des citoyens libanais à résister à l'occupation israélienne". Un droit inaliénable et reconnu par la charte des Nations unies, mais que certains libanais étaient prêts à brader, gratuitement, pour servir les intérêts d'Israël en abandonnant le seul facteur qui fait la force du Liban. Le 14-Mars, aidé en cela par le président de la République -qui avait qualifié de 'langue de bois' la formule consacrant le droit à la résistance-, ont encore échoué. Quelques heures à peine après le carnaval oratoire du 14-Mars, le Courant du futur s'est résigné à accepter sa défaite. L'intervention de diplomates postés à Beyrouth et des grandes capitales concernées par la situation libanaise ont fini par les convaincre de l'impossibilité de modifier les rapports de forces.
L'escalade initiée par le 14-Mars en refusant le droit des Libanais à résister à l'occupation illustre les dissensions internes qui soufflent dans les rangs de cette coalition, la faiblesse de ses appuis externes, et reflète un amateurisme politique inégalé. Dans ce contexte, on peut souligner les facteurs suivants:
-L'Arabie saoudite voit se réduire progressivement sa sphère d'influence et le démembrement de la structure qu'elle a établi, même dans son pré-carré du Golfe, où le Conseil de coopération du Golfe (CCG) est en train de se disloquer.
-L'Occident, conduit par les Etats-Unis, est perdu et ne sait pas comment agir après la contre-offensive de la Russie dans l'affaire ukrainienne. Moscou a en effet empêché les Occidentaux de capitaliser sur le renversement de Viktor Ianoukovitch. L'Allemagne lance des signaux sur son désaccord avec ses alliés de l'Otan et semble tentée par un partenariat eurasien avec la Russie.
-Selon la plus optimiste des évaluations, il est clair que les ennemis de la Résistance sont incapables de lancer une offensive globale, comme ont pu le croire, un instant, ceux qui ont analysé trop simplement et trop rapidement les événements d'Ukraine.
-Les tentatives d'Israël de modifier les règles de jeu se sont heurtés à de solides réalités sur le terrain et à des ripostes dont certaines sont restées inconnues du grand public et bien mystérieuses.
La détermination des forces politiques libanaises, alliées de la Résistance, et leur gestion très intelligente de la confrontation, ont eu raison de l'entêtement du Courant du futur et du 14-Mars. Ces forces ont brandi la carte des consultations parlementaires contraignantes en cas de chute du gouvernement de Tammam Salam. Elles ont envoyé des messages sur la possible désignation d'une nouvelle personnalité pour former un gouvernement d'où serait exclu le 14-Mars. Incapables de rester plus longtemps en dehors du pouvoir, les chefs de cette coalition se sont résignés à accepter la mention à la Résistance dans la déclaration ministérielle. Ils ont estimé que le gouvernement actuel est le maximum qu'ils peuvent espérer dans les circonstances actuelles, où la menace du vide plane sur la présidence de la République.
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