Le président américain a promis une aide économique aux révolutions arabes, et a sommé son homologue syrien de diriger la transition ou de partir.
Pendant 45 minutes, le président américain Barack Obama a tenu jeudi un discours sur le Moyen-Orient. Se présentant comme le premier partisan des révolutions populaires qui ont permis aux peuples de la région de se débarrasser de lourds « fardeaux », Obama a promis une aide économique de plusieurs milliards de dollars aux pays « s'engageant vers la démocratie ».
Ces lourds fardeaux - ou les anciens alliés de Washington - ainsi que la recherche stricte des intérêts américains dans la région ont creusé un grand fossé entre les Etats-Unis et les sociétés islamiques, a reconnu Obama, mettant en garde contre l’échec d’une nouvelle approche américaine envers la région, un échec qui approfondira davantage ce fossé.
Saluant les peuples tunisien et égyptien, Barack Obama s'en est pris par ailleurs au dirigeant libyen Mouammar Kadhafi. Selon lui, l'intervention de l'Otan en Libye avait sauvé des milliers de vies : « L'exemple le plus extrême est la Libye, où Mouammar Kadhafi a engagé une guerre contre ses propres concitoyens, promettant de les chasser comme des rats. Sans l'intervention de l'Otan le 19 mars, des milliers auraient été tués ».
Sur la Syrie, le président américain a placé son homologue syrien face à un choix unique: « Le peuple syrien a montré son courage en exigeant une transition vers la démocratie », a commenté Obama. « Le président Assad est maintenant face à un choix. Il peut diriger la transition, ou s'écarter ».
Il a exigé la fin des violences contre les manifestants, la libération des prisonniers politiques, et l'accès des groupes de défense des droits de l'homme « dans des villes comme Deraa », foyer de la contestation syrienne. A défaut, Bachar ElAssad que Washington a personnellement sanctionné mercredi, et son régime «seront défiés de l'intérieur, et continueront d'être isolés à l'extérieur».
Le président américain a par ailleurs accusé la Syrie de «suivre son allié iranien», qui l'aide selon lui à organiser la répression.
Le dirigeant américain s’est affiché comme un observateur critique objectif en réclamant un "vrai dialogue" entre le pouvoir et l'opposition à Bahreïn, un pays stratégique pour Washington. Il a aussi exhorté le président yéménite Ali Abdallah Saleh à respecter ses engagements concernant la transition du pouvoir.
Appel à l’établissement d’un Etat palestinien sur les lignes de 1967 :
S’exprimant sur le conflit israélo-palestinien, Obama s’est dit en faveur d'un Etat palestinien sur la base des frontières de 1967, au risque d'un choc frontal avec ses alliés israéliens.
"Les frontières d'Israël et de la Palestine devraient être fondées sur les lignes de 1967 avec des échanges sur lesquels les deux parties seraient d'accord, afin d'établir des frontières sûres et reconnues pour les deux Etats", a déclaré Obama.
"Le retrait complet et graduel des forces militaires israéliennes devrait être coordonné dans l'idée d'une responsabilité de la sécurité palestinienne dans un Etat souverain et non-militarisé", a encore dit le président des Etats-Unis.
Et pour plaire aux Israéliens, Obama a mis en garde les Palestiniens contre toutes tentatives d'"isoler symboliquement Israël aux Nations unies en septembre", qui "ne créeront pas un Etat indépendant".
La mort d’Oussam ben Laden :
Revenant sur la mort d'Oussama Ben Laden sous les balles d'un commando américain début mai, Obama a remarqué que les révoltes arabes semblaient, à ses yeux, tourner le dos à l'extrémisme.
Il a souligné que le chef d'Al-Qaïda «rejetait la démocratie et les droits individuels pour les musulmans au profit d'un extrémisme violent».
Aujourd'hui, a-t-il insisté, les Arabes voient l'extrémisme d'Al-Qaïda comme «une impasse». Ben Laden est «un meurtrier de masse», et dès avant sa mort, son réseau «perdait sa lutte... car l'immense majorité des gens ont vu que le massacre d'innocents ne répondait pas à leur quête d'une vie meilleure».