La bataille à la présidentielle bat son plein
L'ancien chef du gouvernement algérien Ali Benflis, principal concurrent d'Abdelaziz Bouteflika à l'élection présidentielle du 17 avril, a dressé lundi, au deuxième jour de la campagne électorale, un tableau noir des 15 ans de pouvoir de M. Bouteflika.
Lors d'un rassemblement à Blida (50 km à l'ouest d'Alger), M. Benflis a évoqué "une situation insatisfaisante" dans les secteurs de la santé, l'éducation, la justice ainsi qu'en ce qui concerne les libertés.
"Celui qui ne peut pas gérer ne doit pas faire de reproches aux autres (...) 15 ans n'ont pas suffit aux réformes, et aujourd'hui ils réclament cinq autres années", a déclaré M. Benflis, en allusion à la candidature de M. Bouteflika, qui brigue un quatrième mandat.
"Ni les malades, ni les médecins ne sont satisfait de l'état du secteur de la santé (...) les enseignants sont privés de tout et lorsqu'ils manifestent, la police les réprime", a-t-il ajouté devant près de 800 personnes.
Dés l'entrée de la ville de Blida, les partisans de M. Bouteflika et ceux de M. Benflis se concurrencent pour coller leurs affiches partout: murs, panneaux de signalisation ou encore ponts et passerelles.
Ali Benflis, ancien magistrat et ancien ministre de la Justice, a consacré une grande partie de son discours à la justice.
"Les juges ont les mains liées et sont soumis au pouvoir exécutif, de la nomination à la promotion jusqu'à la révocation", a-t-il déploré. "La justice n'est pas indépendante c'est pour cela qu'elle ne poursuit pas les corrompus".
Chef du gouvernement de 2000 à 2003, il a promis une nouvelle Constitution issue de négociations "qui pourraient durer une année entière" avec les différents acteurs politiques, ainsi qu'un "gouvernement d'union nationale".
La nouvelle Constitution qu'il propose englobera un large volet relatif aux "libertés syndicales et politiques", donnera une plus grande indépendance à la justice, et fera du Parlement un outil de contrôle qui "fera peur au gouvernement".
"Je crois au multipartisme et au pluralisme syndical jusqu'à la moelle", a encore affirmé le candidat.
Il a également assuré qu'il permettrait aux policiers de créer leur syndicat comme le reste des fonctionnaires, à la seule condition "qu'ils n'aient pas le droit de recourir à la grève".
La campagne électorale a commencé dimanche et se poursuivra jusqu'au 13 avril pour les six candidats en lice. Le président sortant, favori mais amoindri par un AVC, sera absent de cette campagne.