Couverture politique et larges prérogatives pour l’Armée libanaise.
Le président de la République, Michel Sleiman, a déclaré ce jeudi, au début de la réunion du Conseil des ministres, au palais de Baabda, que «l'insécurité à Tripoli n'est plus acceptable et nécessite une solution urgente».
Il a ajouté que tant que l'armée s'interpose entre les protagonistes, elle sera la cible des attaques.
Ce Conseil des ministres, le premier depuis que le gouvernement a obtenu la confiance, est notamment consacré à l’examen du nouveau plan de sécurité pour Tripoli, mis au point mercredi soir lors d’une réunion du Conseil suprême de défense, réuni sous la président de M. Sleiman.
Selon la presse, ce plan, dont les clauses sont restées secrètes, est différent des précédents, car il donne de larges prérogatives à l’armée pour frapper d’une main de fer les miliciens qui terrorisent la ville et ses habitants, et qui ont intensifié leurs crimes ces derniers jours.
L'armée n’a d’ailleurs pas attendue l’officialisation de ce plan et a mené, jeudi, des perquisitions à Tripoli, à la recherche des personnes qui ont abattu dans la matinée un soldat, Fadi el-Joubaily.
Mercredi la tension était revenue dans la ville après le meurtre d'un habitant alaouite, Hassan Mazloum, un nouveau meurtre à caractère confessionnel qui intervient après des violences, qui ont fait 27 morts et des dizaines de blessés, ces deux dernières semaines.
Dans la même agression, une passante a été tuée, et son fils et un vendeur ambulant blessés lorsque la voiture de la victime s'est écrasée contre la charrette du vendeur.
«Un employé alaouite de la municipalité de Tripoli a été abattu par deux hommes sur une moto qui l'ont pourchassé alors qu'il rentrait chez lui après le travail», a indiqué à l'AFP un responsable de sécurité.
Des échanges de tirs ont éclaté par la suite entre les deux quartiers rivaux de Bab el-Tebbané et Jabal Mohsen: un enfant de 11 ans a été tué par une roquette et une autre personne a été blessée.
Selon des sources indépendantes à Tripoli, le meurtre du soldat Joubaily et du fonctionnaire Mazloum ont pour objectif de replonger la ville dans un nouveau cycle de violence, afin de faire avorter le plan de sécurité avant même sa mise en œuvre.
Ces sources ont pointé du doigt des groupes takfiristes, dirigés par certains cheikhs extrémistes de la ville, parmi lesquels figure Salem al-Raféï, qui s’était publiquement attaqué à l’Armée libanaise.
D’autres sources citées par la presse assurent que les groupes armés disposent d’une solide couverture politique fournie par un ministre originaire de la ville, en allusion au ministre de la Justice, Achraf Rifi.
Le quotidien Al Akhbar avait publié une enquête assurant que M. Rifi a une grande influence sur plusieurs groupes armés à Tripoli.
Mediarama