Sahra a probablement bénéficié d’aide extérieure, a indiqué le procureur de Narbonne (sud).
Les parents d'une jeune fille de 17 ans partie clandestinement du sud de la France pour la Syrie engagent une action pour mettre en cause la responsabilité de l'Etat, a annoncé leur avocat vendredi.
"Il est inadmissible que cette mineure ait pu prendre l'avion seule pour la Turquie d'où elle a gagné la région d'Alep", a dit à l'AFP Me Bruno Blanquer, avocat de la famille.
En cause selon lui la suppression de l'obligation pour un mineur détenteur d'un passeport et voyageant sans ses parents de produire à la frontière une autorisation de sortie du territoire signée par ses parents. Cette suppression est devenue effective le 1er janvier 2013 en vertu d'une circulaire de novembre 2012.
"Il n'est pas acceptable que cette circulaire n'ait pas déjà été changée alors qu'il y a un début d'hémorragie avec sans doute déjà plus de dix mineurs passés en Syrie". La famille de Sahra doit être "la dernière à connaître ce drame", dit-il.
Sahra a disparu le 11 mars alors qu'elle était censée se rendre à l'école. Sa disparition signalée, les gendarmes ont rapidement établi qu'elle s'était envolée de Marignane, près de Marseille, pour Istanbul et avait pris là un autre vol pour s'enfoncer plus profondément en Turquie. De là, elle serait passée en Syrie.
Tout était soigneusement préparé et Sahra a probablement bénéficié d'aide extérieure, a indiqué le procureur de Narbonne (sud), David Charmatz.
Le 14 mars, la jeune fille a donné signe de vie à ses parents sans révéler où elle se trouvait. Puis elle a confié à son frère Jonathan qu'elle se trouvait près d'Alep "dans une maison avec d'autres soeurs".
Elle s'est à nouveau manifestée jeudi via Facebook pour dire "qu'elle va bien, qu'elle mange, qu'il ne faut pas s'inquiéter", rapporte son père Kamel, qui n'est pas rassuré pour autant.
La jeune fille est issue d'un couple mixte dont le père d'origine algérienne est musulman mais pas la mère. "Sahra s'est tournée vers la religion il y a un an et demi, au contact d'une amie", dit son père à l'AFP, "elle s'est mise à faire la prière alors que nous sommes peu pratiquants".
"Les motivations de cette jeune femme sont loin d'être établies", a expliqué le procureur de Narbonne, "on peut aller en Syrie pour des motifs humanitaires, pas forcément pour devenir soi-même un combattant contre le régime de Bachar al-Assad".