A la demande de l’Unasur, il reviendra au président de désigner ce "témoin international", a précisé Maduro.
Après sept semaines de protestations anti-gouvernementales parfois violentes, pouvoir et opposition sont tombés d'accord au Venezuela pour instaurer un dialogue, en présence d'un "témoin" international, mais ses modalités restent à préciser.
"Ils veulent un témoin ? Eh bien, nous aurons un témoin, alors !", a lancé jeudi soir le président Nicolas Maduro lors d'une allocution depuis l'Etat de Vargas (nord) retransmise obligatoirement par tous les médias du pays.
Il s'exprimait à l'issue d'une visite à Caracas d'une mission de l'Union des nations sud-américaines (Unasur) venue faciliter le dialogue entre les parties vénézuéliennes, alors que le pays est secoué par des manifestations anti-gouvernementales d'étudiants et d'opposants depuis le 4 février.
"Nous confirmons que nous sommes prêts pour un dialogue transparent, équilibré, égalitaire, qui soit public (...) en présence d'un tiers de bonne foi, national ou international, qui serve de garant, de facilitateur et si nécessaire de médiateur", avait déclaré mercredi Ramon Guillermo Aveledo, secrétaire de la Table de l'unité démocratique (MUD), la coalition de l'opposition.
A la demande de l'Unasur, il reviendra au président de désigner ce "témoin international", a précisé Maduro.
Les heurts en marge de cette mobilisation contre l'insécurité, l'inflation, les pénuries et les brutalités policières ont fait officiellement 37 morts (29 civils et neuf membres des forces de l'ordre) et plus de 550 blessés, selon un nouveau bilan diffusé vendredi par la Procureure générale du pays, Luisa Ortega Diaz.
Le successeur du charismatique Hugo Chavez, décédé en mars 2013, a accepté également que les 12 pays de l'Unasur "désignent un groupe de ministres des Affaires étrangères pour être observateurs et assistent aux discussions" avec l'opposition, mais a affirmé qu'il refuserait que soient imposés "des conditions" ou un "agenda".
Les trois pays chargés de poursuivre les consultations sont le Brésil, la Colombie et l'Equateur, a indiqué vendredi le ministre vénézuélien des Affaires étrangères, Elias Jaua.
Aucune date ni aucun détail n'ont toutefois été communiqués sur les modalités des discussions évoquées, également acceptées par les étudiants.
- "Chucky Lucky" -
L'Unasur avait dépêché mardi ses ministres des Affaires étrangères à Caracas, pour tenter de faciliter le dialogue dans un pays crispé entre partisans et opposants au président socialiste, élu en avril 2013.
Au cours de leur séjour de 48 heures, ils ont reçu des représentants de l'opposition, des étudiants protestataires, des partis proches du pouvoir, des organisations de défense des droits de l'homme et des représentants du secteur religieux, entre autres.
Le président s'est enfin engagé à cesser ses attaques ad hominem envers les opposants, notamment son ancien adversaire à la présidentielle d'avril 2013, le gouverneur Henrique Capriles, qu'il qualifie régulièrement de "Chucky Lucky", en allusion au personnage d'un film d'horreur.
"Il n'y aura plus de mots de ce genre dans ma bouche, plus jamais de +Chucky Lucky+", a-t-il promis. "Je vais bien les traiter pour qu'ils viennent (au palais présidentiel de) Miraflores", a-t-il ajouté.
Sur le terrain judiciaire, une cour d'appel de Caracas a refusé vendredi de remettre en liberté l'opposant radical Loepoldo Lopez, détenu depuis le 18 février dans une prison militaire, accusé notamment d'incitation à la violence.
A ses côtés, sont également incarcérés les ex-maires de San Cristobal (ouest), Daniel Ceballos, et de San Diego (nord), Enzo Scarano, destitués et condamnés respectivement ces derniers jours à un an et 10 mois de prison pour n'avoir pas empêché les violences dans leurs villes.
La mobilisation au Venezuela a perdu en intensité ces derniers jours, même si des foyers de contestation violente surgissent sporadiquement.
Jeudi par exemple, de petits groupes radicaux ont allumé des feux dans les quartiers aisés de Altamira et Chacao, dans l'est aisé de Caracas, bastion de l'opposition, avant d'être dispersés par la Garde nationale avec des gaz lacrymogènes.
La Procureure générale a enfin précisé que 81 enquêtes avait été ouvertes concernant des soupçons de violation des droits de l'homme par les forces de l'ordre au cours des manifestations.