"Il est inacceptable qu’un groupe de corrompus au pouvoir profite de l’argent du pays alors que le reste de la population a faim et est opprimée".
Trois personnes ont été arrêtées en Arabie saoudite pour avoir diffusé sur YouTube des vidéos réclamant une amélioration de leur niveau de vie et critiquant la "corruption", ont affirmé des militants dimanche.
L'arrestation de ces trois citoyens saoudiens est intervenue samedi, alors que le président américain Barack Obama y concluait une brève visite. Celle-ci a été critiquée par des militants saoudiens qui ont reproché à Obama de ne pas avoir soulevé la question des droits de l'Homme avec le roi Abdallah.
Dans une des vidéos sur YouTube, un jeune homme, s'identifiant comme Abdelaziz Mohammed al-Dosari, s'adresse au roi en lui disant: "Nous en avons marre (...) Donnez-nous notre argent (...) Nous ne voulons pas mendier", soulignant avoir un petit salaire, et ne posséder ni maison ni voiture.
"Vous et vos enfants jouez avec cet argent", poursuit-il, en montrant sa carte d'identité à la caméra à la fin de cet enregistrement de 30 secondes diffusé le 23 mars.
Dans une autre vidéo, un homme, se présentant sous le nom d'Abdallah ben Othmane, soutient Abdelaziz al-Dosari et dénonce lui aussi "les petits salaires et la propagation de la corruption" dans ce riche pays pétrolier du Golfe.
"Il est inacceptable qu'un groupe de corrompus au pouvoir profite de l'argent du pays alors que le reste de la population a faim et est opprimée", dit-il, lançant un appel à la publication de vidéos similaires "pour que notre voix puisse atteindre le roi", dans une monarchie absolue où il est interdit de protester.
Dans la troisième vidéo, diffusée jeudi, Saoud al-Harbi fait écho à ses deux compatriotes et met en garde les autorités: "N'obligez pas les gens à descendre dans la rue". "Nous vous prions de nous écouter. Nous voulons des logements. Nous voulons une vie décente", affirme-t-il.
L'Arabie saoudite "applique une censure implacable à ses médias et à internet, multipliant les condamnations de net-citoyens", relevait Reporters sans frontières dans son rapport annuel publié en février.
Le royaume figure en 164e place sur une liste de 179 pays dans le classement mondial de la liberté de la presse 2014.
Des Saoudiens recourent de plus en plus aux réseaux sociaux pour réclamer notamment des conditions de vie meilleures. Plusieurs arrestations ont eu lieu courant mars pour des tweets contre les autorités.
Le taux de chômage dépasse les 12,5% parmi la population autochtone en Arabie, premier exportateur de pétrole au monde.