L’Inde compte créer prochainement un nouveau corps alpin de choc comptant 90.000 hommes, qui devrait être déployé à la frontière chinoise.
L'Inde compte créer prochainement un nouveau corps alpin de choc comptant 90.000 hommes, qui devrait être déployé à la frontière chinoise, a annoncé le 25 mars le commandant de l'armée de terre indienne Bikram Singh. A ces fins, il est selon lui nécessaire de débloquer plus de 3 milliards de dollars supplémentaires dans le budget militaire pour compenser le déficit de munitions, écrit lundi le quotidien Izvestia.
New Delhi redoute l'escalade du conflit frontalier avec la Chine en raison du litige autour d'un territoire de 140.000 km². C'est la raison pour laquelle le nouveau corps alpin représenterait une force conséquente: 32 bataillons d'infanterie appuyés par trois divisions blindées, l'artillerie et la défense antiaérienne. Il devrait recevoir des chars russes T-90S, des obusiers M777 et des hélicoptères Apache américains, ainsi que des systèmes de défense antiaérienne israéliens.
L'argent pour la création de ce corps arrivera à partir du 1er avril, le début de l'année fiscale en Inde. Son armement complet devrait s'achever d'ici 2019. Mais uniquement si le budget alloué est suffisant.
Selon le général Bikram Singh, si le budget n'était pas revu à la hausse, les "troupes atteindront la capacité de mener des opérations militaires en 40 jours", au lieu de 20, tel que prévu par les directives.
Ali Ahamed, de l'Institut des études stratégiques et de défense, a rappelé que Bikram Singh n'était pas le premier général indien à pointer les sérieuses lacunes de l'état opérationnel de l'armée.
"Son prédécesseur Vijay Kumar Singh avait écrit il y a deux ans une lettre à ce sujet au premier ministre. La fuite de cette lettre dans la presse avait provoqué un scandale au sein de l'establishment indien. Le général a été accusé de haute trahison pour avoir rendu publiques ces informations, certains ayant pointé la motivation politique de son acte. Effectivement, immédiatement après sa démission, il avait rejoint l'opposition. Cependant, on peut difficilement reprocher au commandant actuel de l'armée de terre d'être déloyal", a-t-il déclaré.
"Des achats de nouveaux armements sont prévus ces prochaines années: du matériel d'artillerie, des systèmes de défense sol-air, des canons antichars et des hélicoptères d'attaque. Evidemment, ils auront besoin de nouveaux modèles de munitions. C'est la raison pour laquelle les 3 milliards de dollars sont nécessaires dès aujourd'hui, et pas dans les années à venir", a expliqué l'état-major de l'armée de terre.
Toutefois, l'allocation des fonds ne règlera pas le problème à elle seule. Le représentant de la chambre de commerce et d'industrie Arvind Kumar estime qu'il est nécessaire de fixer au niveau gouvernemental une directive exigeant, en cas d'achat d'armements étrangers, la production en Inde des munitions destinées à ces armements.
"Cela réduirait significativement leur prix et permettrait de gérer efficacement les réserves stratégiques et d'organiser des exercices militaires à moindre coût. A l'heure actuelle, l'Inde dispose d'une quarantaine d'entreprises qui pourraient participer à cette tâche. Cependant, une modernisation en profondeur de ces dernières s'imposerait", a déclaré Arvind Kumar.
Etant donné que 70% des armements de l'Inde sont des systèmes soviétiques et russes, il conviendra de régler la question des achats de munitions en collaboration avec Moscou.