L’informaticien égyptien Waël Ghonim se dit prêt à mourrir pour l’Egypte
L'informaticien égyptien Waël Ghonim, cadre chez Google et devenu un cybermilitant icône du soulèvement contre le président Hosni Moubarak, a promis jeudi dans un tweet qu\'il ne ferait pas de politique une fois atteint le but de la contestation.
Le jeune trentenaire, cadre marketing chez Google, a passé 12 jours aux mains des redoutés services de sécurité d'Etat.
A sa sortie, il a révélé qu'il était l'administrateur, jusqu'ici anonyme, de la page Facebook "Nous sommes tous Khaled Saïd" (du nom d'un jeune homme battu à mort par la police) qui a fédéré des centaines de milliers d'opposants au président.
"Je promets à chaque Egyptien que je reviendrai à une vie normale et que je ne m'impliquerai pas en politique une fois que les Egyptiens auront réalisé leur rêve", a-t-il dit sur son compte Twitter.
Formé à l'Université américaine du Caire, M. Ghonim est normalement installé à Dubaï, où il est responsable du marketing de Google pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord. Il était rentré au Caire pour participer à la première des manifestations géantes exigeant le départ du chef de l'Etat.
Il a raconté avoir passé ses 12 jours en détention "les yeux bandés", bombardé de questions par les autorités qui le soupçonnaient d'être un "agent" de puissances étrangères.
Mardi, il a fait une entrée triomphale sur la place Tahrir, devenue le symbole de la "révolution populaire".
PRET A MOURIR POUR LE CHANGEMENT EN EGYPTE
Le jeune homme a accordé mercredi une interview en anglais à la chaîne américaine CNN dans laquelle il s'est dit "prêt à mourir" pour le changement en Egypte.
"Ce n\'est plus l'heure de négocier", a-t-il déclaré ne cachant pas des pleurs en évoquant les manifestants décédés.
"Je vous le dis, je suis prêt à mourir", a-t-il ajouté, montrant à l'écran son testament dans lequel il lègue ses biens à sa femme en cas de décès.
"J'ai beaucoup à perdre dans cette vie. Je travaille pour la meilleure entreprise du monde, j'ai la meilleure épouse et j'adore mes enfants. Mais je veux bien tout perdre pour que mon rêve se réalise, personne ne pourra empêcher nos désirs de se réaliser. Personne", a encore déclaré le jeune trentenaire.
S'adressant au vice-président égyptien, Omar Souleiman (l'ex-chef des services secrets), M. Ghonim a poursuivi : "Vous ne nous arrêterez pas".
"Enlevez-moi. Enlevez tous mes collègues. Jetez nous en prison. Tuez nous. Faites tout ce que vous voulez --nous nous réapproprions notre pays. Vous et vos hommes, vous avez ruiné ce pays depuis 30 ans. Assez, assez, assez", a-t-il lancé.
"C'est un crime", a-t-il dit à propos des manifestants morts dans des heurts contre les partisans du régime. "(Moubarak) doit démissionner", a-t-il insisté. "Si vous êtes de vrais Egyptiens, des Egyptiens héroïques, c'est le moment de démissionner".
"On voulait négocier, mais ils ont décidé de négocier avec nous avec des balles en caoutchouc, des matraques, des canons à eau, des gaz lacrymogènes et l'arrestation d'environ 500 personnes. Merci. Nous avons compris le message", a-t-il ajouté.